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Orges d’hiver - Variétés hybrides : une valorisation au cas par cas

Les variétés d’orge hybride sont en moyenne plus productives que les lignées. Pour couvrir la dépense supplémentaire en semences, il faut atteindre un gain de rendement de 5 à 9 q/ha selon les situations.

Est-il intéressant de semer des variétés hybrides d’orge d’hiver ?

En moyenne, dans les essais de comparaison de variétés en petites parcelles (essais CTPS et post-inscription), les variétés d’orge hybride apportent généralement un gain de rendement par rapport aux lignées. Leur intérêt technico-économique doit être évalué au regard des conditions spécifiques de l’exploitation agricole et des objectifs de production. Outre les différences habituelles entre les caractéristiques des variétés, telles que les résistances aux maladies, le coût plus élevé des semences est un point à ne pas négliger. Semer les variétés hybrides à des densités plus faibles minimise ce surcoût. Cependant, l’écart de prix d’achat des semences certifiées entre hybrides et lignées n’est pas totalement résorbé.

À mêmes traitements de semences et à recommandations de densités modulées, la différence de coût au semis se situe entre 75 et 130 €/ha selon les densités de semis initiales et le prix des semences proposées par les fournisseurs. Pour couvrir cette dépense supplémentaire, un gain de rendement de 5 à 9 q/ha (pour une collecte à 140 €/t) est nécessaire.

Un gain moyen de 4,5 q/ha

De 2006 à 2015, des hybrides ont été expérimentés dans 152 essais du réseau variétés post-inscription d’ARVALIS - Institut du végétal. Dans ces essais, pour se rapprocher de la pratique agricole, les hybrides sont testés à une densité inférieure de 25 % par rapport aux lignées. L’écart de rendement moyen entre les hybrides et les lignées (2 rangs et 6 rangs) est en moyenne de 4,5 q/ ha. Il se réduit à 3 q/ha avec les lignées 6 rangs. Mais ces moyennes cachent des écarts importants -3 à +12 q/ha (figure 1). La variabilité s’explique par des effets « années » et « localisation des essais », mais aussi par des résultats directement imputables aux variétés, qu’elles soient hybrides ou issues de lignées. L’écart de productivité moyen des hybrides est supérieur à 5 q/ha dans la moitié des situations. Ce gain est supérieur à 8 q/ha dans seulement 20 % des essais.

Figure 1 : Répartition des écarts de rendement mesurés dans chaque essai d’orge d’hiver entre la moyenne des variétés hybrides et la moyenne des variétés lignées (2 et 6 rangs)
Les hybrides sont semés à une densité de 25 % inférieure à celle des lignées.

Source : réseau d’essais post-inscription d’ARVALIS - Institut du végétal de 2006 à 2015, 152 essais en France

La comparaison des résultats des variétés Mangoo et Etincel, expérimentées dans les mêmes conditions en régions Centre, Nord et Nord-Est illustre ce propos. Dans les 23 essais variétés d’orge d’hiver conduits dans ces régions en 2014 et 2015, l’hybride Mangoo produit en moyenne 3,9 q/ha de plus que la lignée Etincel, écart qui ne couvre pas, dans bien des cas, la différence potentielle de prix des semences. Le gain de rendement est supérieur à 8 q/ha dans 6 essais sur 23 (tableau 1).

Tableau 1 : Exemple de comparaison entre une variété hybride et une variété lignée. Régions Centre, Nord et Nord-Est
Synthèse de 23 essais variétés réalisés en 2014 et 2015 (13 essais en limons, 7 en argilo-calcaire et 3 en craie).

Source : réseau d’essais post-inscription d’ARVALIS  - Institut du végétal

Une analyse multicritère

Ces résultats comparant de façon globale les hybrides aux lignées sont cependant quelque peu réducteurs. Il convient d’aller plus loin dans l’analyse en s’intéressant à chaque variété de manière individuelle. Au sein des hybrides, comme des lignées, les variétés ne présentent pas toutes les mêmes performances.

Dans tous les cas, cette variabilité entre les variétés est intéressante à valoriser sur l'exploitation en vue de minimiser les risques de pertes de rendement liés aux maladies ou à la verse.

Du point de vue du rendement net, après prise en compte du surcoût des semences des hybrides, le choix d’un hybride n’apporte pas systématiquement un meilleur résultat technico-économique. C’est bien la prise en considération de toutes les caractéristiques des variétés choisies, qu’elles soient hybrides ou lignées (précocité, résistance aux maladies, performances qualitatives…) qui, traduites en écart de marge partielle, doit piloter le choix de variétés.

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