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Blé sur blé - Un comportement variétal à caractériser

Alors que les surfaces implantées en blé deux années de suite sont loin d’être négligeables sur le territoire français, ARVALIS - Institut du végétal et ses partenaires participent à un réseau d’essais mesurant spécifiquement les résultats obtenus par cette succession culturale. Il s’agit notamment d’en évaluer l’effet variété.

Paysage, Champagne: parcellles de blé tendre immature

Plusieurs secteurs céréaliers de France, parmi les bassins de production du blé à bons potentiels tels que la Normandie, les Hauts-de-France, le Centre - Val de Loire et l’Ile-de-France, ont fréquemment recours à la succession de deux blés dans leur rotation. En 2011, 15 % des surfaces de blé tendre étaient semées après un blé et jusqu’à 50 % en Haute-Normandie (monocultures et deuxième blé confondus, Agreste, 2011).

Des pertes de rendement multifactorielles

Un blé après une première récolte de blé sur la même parcelle enregistre des pertes de rendement systématiques. Elles sont plus ou moins importantes selon les années et les lieux par rapport à un blé derrière une tête d’assolement. Des facteurs biotiques peuvent expliquer cet écart de rendement entre un « blé de blé » et un « blé de précédent » : les maladies et notamment le piétin échaudage, les ravageurs, les adventices, principalement les graminées annuelles à germination automnale préférentielle. La qualité d’enracinement est également citée dans la bibliographie comme élément d’explication.

Compte tenu de l’importance des surfaces concernées, la question du choix variétal revient régulièrement. Depuis 2005, ARVALIS - Institut du végétal et ses partenaires mettent en place des essais pour évaluer les variétés de blé tendre en précédent blé (figure 1). Plus récemment, ces essais ont également pour objectif de déterminer s’il existe un classement variétal différent entre les blés assolés et les blés de blé.

Figure 1 : Localisation des essais du réseau variétés en blé sur blé depuis 2013

Organismes du réseau depuis 2013 : ARVALIS, Axereal, Capseine, Chambre d’Agriculture Ile-de-France, Chambre d’Agriculture de l’Eure, Interface Céréales Plateforme Sud Ile-de-France.

Évaluer les résultats sur plusieurs années

Le risque de piétin échaudage étant important dans des essais en blé de blé, les variétés testées sont protégées par le traitement de semence Latitude qui réduit les effets de cette maladie. Les différences de rendement entre les variétés sont très marquées par l’année climatique (figure 2). C’est ce qui justifie d’évaluer les variétés sur plusieurs années et de s’intéresser à la régularité des rendements et des classements.

Figure 2 : Rendements pluriannuels des essais en blé sur blé exprimés en pourcentages des variétés témoins

Les chiffres et le point central indiquent respectivement le millésime et la moyenne pluriannuelle (ex : 5 = 2015). (t) = témoin.
Essais de 2013 à 2015. Semences traitées Latitude (3 essais par an).

Parmi les variétés testées en blé sur blé avec Latitude depuis au moins deux ans, Hystar, Barok et Fructidor ressortent avec de bons rendements et une bonne régularité. Dans ces situations, Cellule obtient de bons résultats en moyenne sur trois ans malgré une contre-performance en 2013. Rubisko, Diamento et Galactic obtiennent des rendements proches de la moyenne. L’implantation de ces variétés en blé sur blé est possible mais plus risquée. En revanche, Boregar, Lyrik et Terroir ne sont pas adaptées en deuxième blé.

L’effet variétal reste à préciser

L’analyse des résultats de ces essais ne permet pas à elle seule de déterminer s’il existe une différence significative entre les classements variétaux obtenus en blé assolé et en blé sur blé (interaction variété x précédent). Afin de répondre à cette question, une étude a débuté en 2015 en utilisant des données historiques issues d’essais variétés en blé assolé et en blé sur blé dans des contextes agronomiques comparables. Les premiers résultats semblent montrer l’existence d’une interaction entre les variétés et le précédent blé par rapport aux autres précédents.

En intégrant les données des essais 2015 et à venir, la poursuite de cette étude permettra de confirmer ce premier résultat et d’évaluer les enjeux de cette interaction. De plus, une recherche des facteurs explicatifs (sensibilité au piétin échaudage, composantes de rendement, précocité…) sera entreprise pour tenter de prédire les variétés les mieux adaptées en blé sur blé ou, au contraire, celles à éviter.

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