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Traitements des plants de pomme de terre : dans quel cas et comment agir ?

Le traitement des plants et/ou du sol avant plantation par poudrage ou pulvérisation (ultra bas volume, enrobage, raie de plantation) s’avère indispensable pour assurer au mieux la récolte, tant du point de vue de la quantité que de la qualité des tubercules. Les principales cibles sont des parasites affectant essentiellement l’aspect des tubercules : le rhizoctone brun, la gale argentée et la dartrose.

Traitements de plants de pomme de terre

La prévention contre les maladies de présentation des pommes de terre commence dès la réception des plants. Dans quel cas les traiter ?

Toujours évaluer l’état du plant à la réception

La première chose à faire à réception du plant, c’est de vérifier son état sanitaire, les écarts éventuels de calibre et endommagements. Pour cela, il est recommandé de prendre un échantillon de quelques dizaines de tubercules par lot de plants, de les laver et d’observer la présence de sclérotes noires de rhizoctone brun et de taches de gale argentée et/ou de dartrose. Il est préférable d’éviter de mélanger les différents lots de plant d’une même variété.


De gauche à droite, pommes de terre présentant des symptômes de rhizoctone brun, gale argentée et dartrose (© Nicole Cornec).

C’est également l’occasion de détecter la présence éventuelle de parasites de quarantaine (pourriture brune, flétrissement bactérien…). Cependant, la probabilité de voir des symptômes externes flagrants est faible. En revanche, après coupe des tubercules, les premiers symptômes apparaissent sous forme d’un léger brunissement ou d’une légère vitrosité de l’anneau vasculaire. En général, ils sont plus marqués au talon c’est-à-dire au niveau de l’insertion du stolon sur le tubercule. Ces symptômes peuvent être aisément confondus avec d’autres problèmes physiologiques ainsi que l’action des défanants. A un stade plus avancé, des petites cavités peuvent se creuser, se remplir de productions bactériennes et la pourriture du tubercule se développe.

En cas de doutes sérieux sur la présence de parasites de quarantaine sur tubercules coupés, seule une analyse en laboratoire peut permettre un diagnostic fiable. Dans ce cas, il est conseillé de prendre contact avec le Service Régional de l’Alimentation.

Stockage et manipulation des plants : des précautions à prendre

Après réception du plant, il faut le stocker dans un local propre et désinfecté, indemne de produit antigerminatif, à l'abri du gel et de la pluie, en évitant le stockage prolongé sans aération (sacs empilés, big bags assez hermétiques…). Attention aux différentes manipulations pour ne pas entrechoquer les plants.

La préparation du plant est une étape importante pour un bon démarrage de la culture. Il faut veiller à bien réchauffer les plants. Pour cela, l’idéal est de les sortir du stockage au moins deux semaines avant les plantations. Ils doivent être manipulés à des températures supérieures à 8°C. Il est possible d’aligner les sacs ou les pallox à l'abri de la pluie et des gelées matinales, en laissant des « allées » pour faciliter l'aération et l'éclairage des plants et limiter ainsi l'allongement des germes. Il est également possible d’étaler les plants (sur 30 cm de haut au maximum) sur un béton propre. Le réchauffement du plant permet d’atteindre le stade point blanc, stade minimum requis pour planter. Il faut cependant éviter de travailler avec un plant trop germé au risque de casser ses germes.

Dans quels cas traiter les plants ?

En fonction de l’observation réalisée lors de la réception du plant et de la connaissance du sol de la parcelle, plusieurs stratégies sont possibles :

  • Si le plant et le sol de la parcelle sont indemnes de rhizoctone brun et de gale argentée, il est possible de faire une impasse de traitement pour des débouchés transformation, fécule ou marché du frais non lavé. Cependant, pour des pommes de terre destinées au marché du frais lavé, il ne faut pas prendre le risque d’altérer la qualité de présentation des tubercules. Dans ce cas, un traitement de plant est recommandé.

Tableau 1 : Gestion du rhizoctone brun et de la gale argentée selon le type de production

  • Si le plant est contaminé par l’un des deux parasites, un traitement de plants est nécessaire avec un produit homologué (tableau 2).

Indépendamment du débouché, s’il existe un risque rhizoctone brun et/ou dartrose sur la parcelle, un traitement de sol en raie de plantation est nécessaire avec une solution à base d’azoxystrobine.

Choisir le produit adapté

Sur gale argentée, de nombreux essais ont été implantés depuis 2013. A l’heure actuelle, seules les spécialités Celest 100 FS et Sercadis sont efficaces pour lutter contre cette maladie (figure 1).

 Figure 1 : Efficacité (en %) des solutions Sercadis et Celest 100 FS contre la gale argentée (synthèse des essais 2016-2018)
Figure 1 : Efficacité (en %) des solutions Sercadis et Celest 100 FS contre la gale argentée (synthèse des essais 2016-2018)

En cas de plant contaminé par le rhizoctone brun, tous les produits du marché autorisés pour cet usage appliqués sur le plant sont efficaces (figure 2). A noter que nos essais sont réalisés sur des plants très contaminés afin de bien caractériser l’efficacité de chaque produit. On peut noter une grande régularité pluriannuelle du flutolanil (Rialto ou Iota P) et du fluxapyroxad appliqué sur le plant. L’application d’Amistar 3 l/ha ou de Sercadis 0,8 l/ha en raie de plantation donne une efficacité significativement inférieure à une application d’anti-rhizoctone sur le plant. Pour rappel, Quatre essais conduits en 2015 avaient montré que descendre la dose d’Amistar à 1 l/ha est une solution statistiquement inférieure à un traitement de plant et que cela peut être très insuffisant.

 Figure 2 : Efficacité (en %) des solutions de traitement de plant et de sol contre le rhizoctone brun en situation de plant contaminé
Figure 2 : Efficacité (en %) des solutions de traitement de plant et de sol contre le rhizoctone brun en situation de plant contaminé

En situation de plant et de sol contaminés par le rhizoctone brun, les seules solutions réellement efficaces sont de combiner un traitement de sol et un traitement de plant. Par exemple, dans un essai mis en place en 2017 avec la Chambre d’Agriculture du Nord / Pas-de-Calais, la solution la plus efficace (84 %) est Sercadis 0,2 l/t en UBV sur le plant, suivi d’Amistar 3 l/ha en raie de plantation (figure 3).

Figure 3 : Efficacité (en %) des solutions de traitement de plant et de sol contre le rhizoctone brun en situation de plant et de sol contaminés
Figure 3 : Efficacité (en %) des solutions de traitement de plant et de sol contre le rhizoctone brun en situation de plant et de sol contaminés

Tableau 2 : Solutions de traitements de plants et du sol

(extrait dépliant pomme de terre édité fin 2021)

Pour connaître les bonnes pratiques de traitements des plants, téléchargez le guide rédigé par de nombreux partenaires de la filière pomme de terre. Il décrit les principes généraux de traitements de tubercules de semences et les conditions de leur mise en œuvre à la ferme.

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