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Les Essentiels d'ARVALIS - Comment lutter contre les insectes au cours du stockage ?

La présence d’insectes vivants dans les stocks représente un frein à la commercialisation des grains. Pour y remédier, ARVALIS – Institut du végétal préconise de suivre un itinéraire raisonné du stockage basé sur la prévention du risque. Cela passe d’abord par le nettoyage des locaux et du grain, puis par la mise en œuvre d’une ventilation de refroidissement, avec suivi des températures du grain, et enfin l’utilisation de méthodes de lutte curative si nécessaire.

Lutte contre les ravageurs des stocks de grains

Des insectes à formes cachées ou libres

Un stock de grains est un milieu propice au développement d’insectes, qui, à l’exception de l’alucite, ne proviennent pas du champ. Il existe deux types d’insectes de stockage : les insectes primaires et les insectes secondaires.

Les premiers comme les charançons et le capucin ont la capacité de s’attaquer aux grains entiers et de se développer à l’intérieur du grain. Seuls les adultes sont visibles ce qui complexifie la détection et la lutte ; on parle également d’insectes à formes cachées.

Les deuxièmes, correspondant notamment au silvain et aux triboliums, peuvent se nourrir uniquement à partir de grains brisés, de brisures voire de poussière provenant des grains. Ceux-ci se développent en-dehors des grains, leurs larves et leurs nymphes sont donc visibles dans un stock infesté. On parle également d’insectes à formes libres uniquement.

Privilégier toutes les actions préventives

La lutte contre les insectes se complexifie. En quelques années, le nombre de produits phytopharmaceutiques disponibles s’est considérablement réduit, et de plus en plus de débouchés excluent leur usage. L’utilisation de méthodes alternatives devient donc un impératif, d’autant plus qu’une utilisation systématique d’insecticide peut entraîner l’apparition d’individus résistants à la poignée de molécules encore disponibles sur le marché.

Il est donc indispensable de privilégier toutes les actions préventives de lutte contre les insectes qui peuvent être rassemblées dans un itinéraire technique du stockage (figure 1) dont chaque étape apporte sa contribution à la maîtrise finale des insectes.

Figure 1 : L’itinéraire raisonné du stockage des grains et des graines

Comment ça marche ?
Avant la récolte, il convient de nettoyer au mieux les installations de stockage et le matériel de manutention (et de récolte) afin d’éliminer les reliquats de grains et les amas de poussières qui constituent un refuge pour les insectes et donc une source d’infestation potentielle pour la récolte suivante. Ce nettoyage peut être complété par un traitement des parois de cellules et du matériel avec un insecticide de contact homologué.

Lors de la récolte, le bon réglage de la moissonneuse est important afin de réduire la teneur en impureté du grain (balles, paille, grain cassés). Si possible, un passage au nettoyeur séparateur permet d’éliminer ces impuretés qui peuvent d’une part obstruer les espaces entre les grains et réduire le passage de l’air de ventilation dans le stock, et d’autre part constituer une source de nourriture pour les insectes secondaires.

Une fois le grain stocké, il est indispensable de le ventiler avec un matériel adapté afin d’en abaisser la température. La ventilation se conduit en trois paliers successifs avec un objectif de température de plus en plus bas au fil des saisons (20°C en été, 12°C en automne et 5°C en hiver). La propreté du grain facilite la ventilation d’où l’importance du nettoyage. Il est primordial de suivre la température du grain à l’aide d’un système de thermométrie fixe ou mobile afin de détecter le plus précocement possible une élévation anormale de température. Il faut savoir qu’une ventilation bien conduite a systématiquement un effet répulsif et peut même présenter un effet insecticide.

À partir de ce niveau de technicité, les traitements curatifs devraient être quasiment inexistants.

Néanmoins, la pose de piège à insectes au-dessus des stocks et leur contrôle régulier permet de déceler précocement une présence d’insectes et de mettre en œuvre des méthodes correctives tant que l’infestation est minime. Ces méthodes de lutte curatives consistent encore dans la plupart des cas à réaliser un traitement des grains à l’aide d’un insecticide de contact. La fumigation est également une technique intéressante mettant en œuvre un gaz insecticide dans une cellule ou une case. Des techniques alternatives sont actuellement à l’étude, en particulier le traitement des grains à la chaleur par passage dans un séchoir (thermodésinsectisation). Cette dernière a prouvé son efficacité et est actuellement en cours d’amélioration.
Les références expérimentales ARVALIS
ARVALIS - Institut du végétal dispose sur son site de Boigneville (91) d’une plateforme expérimentale de stockage : la PlateForme Métiers du Grains (PFMG). Cet outil unique en France permet de réaliser des expérimentations autour des composantes du stockage (réception, séchage des grains, nettoyage des grains, ventilation de refroidissement, fumigation…).

La ventilation de refroidissement : une technique dissuasive
Les insectes ne peuvent vivre et se reproduire correctement que dans des conditions bien précises de température. Lorsque le grain n’est pas ventilé, il reste d’abord chaud avant de se réchauffer par lui-même du fait des phénomènes de respiration et de fermentation ; les insectes prolifèrent alors allègrement (figure 2). A l’inverse, la ventilation de refroidissement permet de limiter le développement des insectes, voire de tuer ces derniers.

Il est ainsi conseillé d’abaisser la température avec pour objectifs des seuils de 20, 12 et 5°C pour des grains ayant une teneur en eau proche des normes commerciales. Pour le premier palier, une température du stock inférieure aux températures diurnes dissuade les insectes d’infester le stock. Pour le deuxième, le seuil de 12 °C correspond quant à lui à la température à partir de laquelle le développement du charançon est stoppé. Enfin, une température de 5°C maintenue sur plusieurs mois est létale pour les insectes. Elle a également l’avantage de permettre aux grains de rester à moins de 12°C lorsque les températures remontent au printemps. En réalisant ces trois paliers, le grain peut ainsi être conservé jusqu’à l’été suivant.

Le pilotage du ventilateur à l’aide d’un thermostat permet d’optimiser le refroidissement d’un stock.

Figure 2 : Cinétiques de développement des charançons (Sitophilus oryzae) au cours du stockage d’un blé tendre. 

La courbe bleue montre la cinétique de développement du charançon en absence de ventilation. La courbe rouge montre la cinétique de développement du charançon lorsque la ventilation est bien conduite. Cinétiques obtenues après une infestation à 25 charançons/kg de blé. (Boigneville – 2011).

Le nettoyage des grains améliore les performances de la ventilation
Le nettoyage des grains à l’aide d’un nettoyeur séparateur (ici un nettoyeur rotatif) permet d’éliminer une partie des impuretés d’un lot de blé tendre (tableau 1). Les impuretés à base de brisures constituent une source de nourriture pour les insectes à formes libres ; leur élimination diminue donc le stock alimentaire de ces insectes.

Les impuretés comme les balles ou la paille obstruent les espaces entre les grains. Leur élimination au moment du nettoyage libère ces espaces et favorise le passage de l’air au travers du stock. Les performances de la ventilation sont alors améliorées (figure 3). Dans le cas présent, le nettoyage a permis d’augmenter de 8 % le débit d’air et le débit spécifique. Cela permet de refroidir plus rapidement le grain tout en consommant moins d’électricité.

Tableau 1 : Teneur en impuretés d’un lot de blé tendre avant (Grain sale) et après nettoyage (Grain propre) (Boigneville – 2012).


Figure 3 : Performance de ventilation en fonction de la propreté du blé (Boigneville – 2012).
Les préconisations d'ARVALIS
• Nettoyage des installations et désinsectisation, vérification du matériel.
• Effectuer les contrôles à la réception (teneur en eau, présence insectes).
• Nettoyage du grain.
• Ventilation de refroidissement et suivi des températures.
• Pose de pièges à insectes et visite régulière du silo avec la ventilation en marche.

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