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Conservation et digestibilité de l’ensilage de maïs - Sous la bâche, le fourrage évolue dans le temps

Le maïs fourrage ensilé est utilisé de quelques semaines à plusieurs mois après la confection du silo. Sous réserve que les bonnes pratiques de récolte, conservation et vitesse d’avancement, soient respectées, les ensilages sont considérés comme « stables » dans le temps avec des valeurs nutritives fixes.

L’évolution de la qualité du maïs ensilage dans un silo

La mise en silo du maïs fourrage permet de le conserver sous forme d’ensilage en condition anaérobie et acide.

À la fermeture du silo et durant les deux à quatre semaines suivantes, les fermentations lactiques produisent de manière intense des acides à partir des sucres du fourrage, assurant ainsi sa bonne conservation. Sous la bâche, certains processus biochimiques peuvent persister plusieurs mois et entraîner des modifications de la disponibilité des constituants énergétiques du maïs.

ARVALIS - Institut du végétal a mis en place un dispositif sur la station expérimentale de La Jaillière (44) pour mieux comprendre les mécanismes en jeu.

Le fourrage fermente toujours après 1 mois sous la bâche

L’étude s’est concentrée sur l’impact de la durée de conservation des ensilages de maïs sur la dégradabilité dans le rumen de la matière sèche et de ses constituants : amidon et MAT (Matière Azotée Totale). Trois durées de conservation ont été étudiées : 12, 40 et 68 jours sur trois variétés de maïs qui ont été récoltées à deux dates correspondant aux stades 34 % MS (stade optimal de récolte) et 44 % MS (stade très tardif de récolte).

Les analyses fermentaires ont montré que tous les ensilages présentent une très bonne qualité de conservation. La quantité de produits de fermentation (alcools, acides gras volatiles et acide lactique), synonyme d’activités fermentaires consommatrices de sucres, augmente de 21 % entre 12 jours et 68 jours de conservation. Entre 40 et 68 j, une hausse de 5 % des produits de fermentation est toujours constatée alors que l’ensilage est supposé être dans une phase de stabilité.

Bien que le pH soit stable quelles que soient les durées de conservation étudiées, certaines bactéries continuent de dégrader partiellement les constituants cellulaires du fourrage. La production d’ammoniac issu de la dégradation des protéines est en effet très importante au début de la conservation jusqu’à 40 jours puis diminue ensuite sans toutefois s’arrêter.

La dégradabilité du fourrage augmente avec la durée de conservation

L’allongement de la durée de conservation conduit à une hausse significative de la dégradabilité ruminale de la matière sèche. L’augmentation de la dégradabilité de la MAT et de l’amidon dans le rumen est d’autant plus marquée en cas de récolte tardive. Entre 40 jours et 68 jours de conservation, les dégradabilités à court terme (4 heures) de l’amidon et de la MAT augmentent ainsi d’environ 4 % après une récolte à stade optimal, contre 10 % pour une récolte très tardive. Le niveau de dégradation des constituants énergétiques du fourrage récolté tardivement reste néanmoins nettement inférieur à ceux obtenus avec une récolte au bon stade.

La meilleure disponibilité de l’amidon pour les micro-organismes du rumen indique que des processus de dégradation des protéines et de l’amidon sont donc encore en cours dans la masse de fourrage au bout de deux mois de conservation. La quantité d’amidon bypass du rumen (non dégradé dans le rumen) est 15 % moins élevée après 68 jours de conservation qu’après 40 jours. Les risques de pertes de valorisation de l’amidon sont donc nettement plus limités. En cas de récolte tardive, la quantité d’amidon bypass, même après 68 jours de conservation, reste presque trois fois plus élevée que pour une récolte au stade optimal.
 


Les valeurs nutritives de l’ensilage varient peu

La hausse de la dégradabilité de la MAT avec la durée de conservation induit une légère baisse des PDIA mais sans affecter les valeurs PDIN. Une légère baisse des PDIE est observée avec l’allongement de la conservation tout en restant limitée au regard de l’effet stade de récolte.

Une récolte tardive pénalise en effet la valeur PDIE d’un ensilage de maïs en raison de la plus faible dégradabilité de l’amidon. Celui-ci ne sert ainsi plus à la production de protéines microbiennes dans le rumen. Même après deux mois de conservation, la valeur PDIE d’un ensilage de maïs récoltée très tardivement reste d'ailleurs inférieure à celle d’un ensilage réalisé au bon stade. Leur valeur énergétique ne semble pas affectée par la durée de conservation.

Des travaux conduits en 2016 ont permis de proposer un coefficient de dégradabilité de l’amidon. L’augmentation prédite de dégradabilité de l’amidon par tranche de 100 jours de conservation est de 0,4, 1,1, 1,8 et 2,4 points respectivement pour des maïs récoltés à 31, 34, 37 et 40 % de MS plante entière. Ce coefficient permet de prendre en compte la hausse de la matière organique fermentescible dans le rumen (donc la hausse des PDI) apportée par le maïs fourrage au fil des mois d’utilisation du fourrage.

Concrètement, un maïs récolté à 39 % MS et stocké depuis 8 mois présentera 27 g/kg de MS d’amidon disponible en plus dans le rumen. La synthèse de protéines microbiennes permise par ce supplément se traduit par 2 g PDIE/kg MS de maïs ingéré.

La dégradabilité moins rapide des constituants (MAT et amidon) pour des durées de conservation courtes doit être prise en compte. Il est ainsi nécessaire d’apporter d’autres aliments à dégradation rapide pour mieux ajuster les rations, en attendant que l’ensilage devienne plus digestible avec le temps.

La durée de conservation de l’ensilage de maïs sur plusieurs semaines à plusieurs mois modifie la dégradabilité de ses fractions énergétiques et azotées. Même si les valeurs nutritives évoluent peu avec les durées de conservation étudiées, il est possible de considérer que cet effet sera marqué au bout de quelques mois. Les rations des animaux recevant des quantités importantes d’ensilage pourront alors être ajustées à partir de deux ou trois mois de conservation d’ensilage. Le but est de limiter les apports d’amidon par les autres aliments du fait de la meilleure disponibilité de celui provenant du maïs.

Les maïs récoltés à des stades avancés exprimeront mieux leur potentiel nutritif après une durée de conservation prolongée avec une première dégradation partielle de l’amidon dans la masse de fourrage au silo. La reprise de ces ensilages doit se faire néanmoins avec beaucoup de précautions pour éviter leur échauffement excessif du fait de leur porosité souvent importante.

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