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Les Essentiels d'ARVALIS - Blés tendres : les blés à faible Temps de Chute de Hagberg valorisés par les animaux ?

La mesure du Temps de Chute de Hagberg (TCH) détermine l’aptitude d’un blé à être utilisé dans les industries de cuisson. Cet indice peut être dégradé, ce qui « déclasse » le blé pour cette utilisation. Ainsi le lot se retrouve le plus souvent dirigé vers le débouché de l’alimentation animale. Différentes études réalisées par ARVALIS ont démontré qu’un début de germination sur pied ou des blés récoltés présentant un faible TCH conservent néanmoins toute leur valeur énergétique, dès lors que la collecte, le séchage et le stockage sont réalisés de façon correcte pour arrêter le processus de germination et éviter tout développement fongique.

Une bonne valeur énergétique pour les animaux

L’indice de Chute de Hagberg, aussi appelé Temps de Chute de Hagberg (TCH exprimé en secondes), mesure l’activité d’enzymes (les alpha-amylases) qui se développent naturellement dans le grain dès le début du processus de germination, ou encore, suite à des entrées d’eau à partir du stade de maturité physiologique sans que les grains ne soient germés.

Une dégradation du TCH résulte d’un déclenchement de l’activité alpha-amylasique dans les grains avec des conséquences négatives sur la qualité technologique des blés pour l’alimentation humaine (boulangerie, viennoiserie, biscotterie, biscuiterie…).

En alimentation animale et particulièrement pour des animaux monogastriques (porcs et volailles), la valeur principale des blés vient de leur contenu énergétique et de la disponibilité de cette énergie pour les animaux. La question est donc de savoir si les modifications physiologiques liées à la germination et mesurées par le TCH altèrent la valeur énergétique des blés.

Comment ça marche ? Comment mettre en évidence les variations ?

Le principe de la méthode de mesure du TCH est expliqué dans la fiche « Quelles sont les conditions climatiques favorables à la dégradation du Temps de Chute de Hagberg et quel est l’enjeu variétal ».

Pour évaluer les conséquences du déclenchement de l’activité enzymatique des grains mesurée par le TCH sur la valeur nutritionnelle, des tests sur animaux sont nécessaires. Voici quelques principes de base, pour mieux comprendre.
Le blé est principalement source d’énergie dans un aliment. L’Energie Brute (EB) d’une matière première se définit comme la quantité d’énergie (exprimée en kcal ou en MJ par kg de matière sèche) obtenue par l'oxydation complète d'un échantillon dans une bombe calorimétrique. Chaque composante de la matière organique (protéines, amidon, matière grasse, fibres, sucres,…) à une EB spécifique et la modification de la part d’un de ces composants induit une modification de l’énergie potentielle. L’utilisation que chaque espèce animale fait de cette énergie est aussi variable. Elle est mesurée comme Energie Digestible (ED) ou Energie Nette (EN) chez le porc et comme Energie Métabolisable chez les volailles (EMAn).
C’est la mesure de la disponibilité de cette énergie des blés avec des TCH différents qui intéresse les utilisateurs.

Les références expérimentales ARVALISFaible variation de la composition chimique des grains

La composition chimique du grain de blé dont le TCH est faible n’est que faiblement modifiée, que la germination soit visible ou pas.
L’activité amylasique va en effet transformer une partie de l’amidon (-1 à -3 %) en sucres simples (+1 à +2 %). Ces deux composants étant sources d’énergie, la valeur potentielle mesurée par l’EB reste similaire.
Les mesures sur animaux permettent de vérifier si leur valeur énergétique varie ou non.

Valeur nutritionnelle chez les porcs

Des mesures d’ED porc, réalisées en 1987 sur des lots de blé dur ou tendre germés (20 % de grains germés, décelable par un examen visuel) ont révélé des valeurs énergétiques situées dans la fourchette des valeurs habituelles.
Par ailleurs, des mesures de croissance sur porcelets en post-sevrage ont permis de comparer des blés tendre ou dur germés à du blé tendre normal. Les résultats de croissance ont montré une bonne valorisation des lots germés, similaire voire légèrement supérieure à celle des lots témoins.
Ces résultats ont été confirmés lors d’un autre essai de digestibilité réalisé chez le porc charcutier en 2000 (Skiba et al., 2002). La valeur énergétique d’un blé fortement germé, dont le TCH était seulement de 89 s, était similaire à celle d’un blé non germé.

Valeur énergétique de 2 lots de blé germés

Tableau 1 : Valeur énergétique de 2 lots de blé germé en comparaison d’un blé non germé.

Valeur nutritionnelle chez les volailles

En 1992, la récolte a été perturbée par les mauvaises conditions climatiques enregistrées en juillet et août. L’humidité élevée a conduit dans certaines régions à des débuts de germination sur pied. Quatre lots de blé tendre fortement germé (40 à 60 % de grains germés) récoltés en Centre-Bretagne ont fait l’objet d’une analyse chimique et de mesures sur animaux. Comparativement aux valeurs du lot témoin de la même année de récolte, proches des valeurs de référence, les lots germés présentaient des teneurs en amidon inférieures (de -1 à -3 %) et des teneurs en sucres supérieures (de +1 à +2 %). Ces légères modifications de composition chimique sont restées sans effet sur la valeur énergétique des blés (Tableau 2).
L’absence d’effet de la germination sur la valeur énergétique du blé pour les poulets a été confirmé par la réalisation d’un essai en 2000 (Skiba et al., 2003). Sur un lot de blé fortement germé, un TCH de seulement 89 s n’a pas affecté les valeurs énergétique ni azotée chez les volailles.

Valeur énergétique de 4 lots de blé fortement germés

Tableau 2 : Valeur énergétique de 4 lots de blé fortement germés en comparaison d’un blé non germé.

Les préconisations d'ARVALIS

Des blés présentant un début de germination sur pied ou avec un faible TCH sont valorisables en alimentation animale. Leur valeur énergétique n’est pas modifiée et reste élevée sous réserve que :

  • la collecte, le séchage et le stockage soient réalisés de façon correcte,
  • le processus de germination soit stoppé pour éviter tout développement fongique.
Sources documentaires

• Skiba F., Barrier-Guillot B., Metayer J.P. « Effet de la teneur en protéines, du poids spécifique et de la teneur en amidon, de la dureté et de la germination sur la valeur alimentaire du blé chez le jeune poulet », 5èmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26-27 mars 2003, 129-132.

• Skiba F., Callu P., Metayer J.P., Barrier-Guillot B. « Influence de la teneur en protéines, de la germination et du poids spécifique sur la composition et la valeur alimentaire des blés chez le porc », Journées Rech. Porcine en France, 2002, 34, 59-65.

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