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Prairies de fauches : bien choisir son mélange d’espèces

Des essais de prairies multi-espèces, associant graminées et légumineuses, ont été conduits en vue d’améliorer l’autonomie fourragère et protéique des élevages. Les résultats de ces essais apportent des réponses à cet enjeu.

Fourrage : les avantages des prairies multi-espèces

Économie de fertilisation azotée, production bien répartie sur l’année, valeur alimentaire équilibrée, ingestion améliorée, adaptation à l’hétérogénéité des sols, ou encore, aux évolutions du climat sont autant d’objectifs pour lesquels les prairies ont un rôle à jouer.

Trois essais ont été réalisés en agriculture biologique, entre 2000 et 2013, à la ferme expérimentale des Bordes à Jeu-les-Bois (36), par ARVALIS - Institut du végétal, en partenariat avec l’OIER des Bordes(1), pour mettre au point des prairies multi-espèces de fauche adaptées à la région herbagère séchante du nord du Massif Central. Ces essais ont été conduits en fauche exclusive, sans fertilisation azotée, sur des sols sablo-limoneux peu profonds et drainés.

Une prairie multi-espèces se distingue des autres

Deux essais de 3 années chacun, comprenant 4 associations et 3 prairies multi-espèces, ont été menés de 2000 à 2002 et de 2003 à 2005 (tableau 1). Un effet année a fortement marqué ces deux essais. La production de matière sèche (MS) à l’hectare est élevée dans le premier essai (11,2 à 12,7 t MS/ha) avec 3 années favorables à l’herbe, mais plus faible dans le second (5,5 à 8,3 t MS/ha), en raison des années 2003 et 2005 très sèches. La prairie multi-espèces associant trois graminées, dactyle, fétuque élevée et RGA diploïde (variétés tardives) et deux légumineuses, luzerne et trèfle violet, s’est montrée la meilleure sur les 2 essais. Sa production de MS s’est élevée à 10,3 t MS/ha en moyenne, soit 22 % de plus que l’association dactyle-luzerne qui a obtenu le moins bon résultat. Sur le plan des Matières Azotées Totales (MAT), cette prairie en a produit 1,37 t/ha, soit 26 % de plus que l’association dactyle/ luzerne et 20 % de plus que l’association ray-grass hybride/trèfle violet.

Tableau 1 : Composition et productions moyennes de MS et de MAT des 7 prairies de fauche communes aux 2 essais de 3 ans à Jeu-les-Bois (36)

Dactyle, luzerne et trèfle violet confirment leur intérêt

En vue de préciser les mélanges à privilégier pour la fauche, dont certains sont adaptés à d’autres contextes pédoclimatiques, et de mieux comprendre les facteurs d’évolution des espèces, un troisième essai a été conduit pendant 5 ans de 2009 à 2013. Douze prairies au total, comprenant 3 à 8 espèces, ont ainsi été évaluées. Les plus représentatives sont présentées dans le tableau 2. La prairie « T10 », composée de dactyle, fétuque élevée, ray-grass anglais diploïde, luzerne et trèfle violet, est celle qui obtient à nouveau les meilleurs résultats. Les prairies « T2 » (fétuque élevée, raygrass anglais, trèfle hybride et lotier) et « T3 » (idem T2 avec en plus fétuque des prés et fléole) sont moins bien classées.

Tableau 2 : Composition et productions moyennes de MS et de MAT de 7 prairies multi-espèces de fauche étudiées de 2009 à 2013 à Jeu-les-Bois (36).

Un effet « composition de la prairie »

Un écart significatif de 1,95 t MS/ha (-25 %) est observé sur la production annuelle moyenne des 5 années entre la meilleure prairie (T10) et la moins productive (T2). La prairie multi-espèces T10 confirme ainsi les bonnes performances déjà observées. Les 3 espèces, dactyle, luzerne et trèfle violet, assurent des gains importants de productivité pour les prairies de fauche dans les conditions pédoclimatiques du nord Massif Central. La prairie T12 produit le plus de MAT/ha sur les 5 ans, T8 est la 2e prairie la plus productive en MS/ha (tableau 2).

Le coût des semences à l’implantation pour la prairie T10 oscille entre 220 et 230 € HT/ha (2013) pour une durée de 5 ans, soit 44 à 46 € HT/ha/an. Il est conseillé d’inoculer la luzerne au semis pour faciliter son implantation, en particulier dans les sols à tendance acide (pH < 6) et ceux n’ayant pas eu de culture de luzerne depuis plusieurs années.

Évolution dans le temps des espèces semées

L’évolution des espèces semées a été mesurée chaque année, au 2e cycle, par tri pondéral dans le troisième essai. Les deux espèces qui se développent le plus, dans les prairies qui en contiennent au semis, sont le dactyle, dont la part atteint 38 % de la MS produite en moyenne sur les 5 ans (de 25 à 56 % selon les prairies) et la luzerne avec 50 % de la MS produite (de 36 à 65 %). Le trèfle violet est surtout présent pendant deux ans et représente 19 % de la MS produite sur 5 ans (de 12 à 30 %). Le trèfle hybride, quant à lui, disparaît rapidement au bout d’un an. La fétuque élevée est présente, mais contribue peu à la production de MS. Le ray-grass anglais permet une couverture rapide du sol à l’installation et disparaît au bout d’un an.

(1) : Chambres d’Agriculture de l’Indre, du Cher, de la Creuse et de la Haute-Vienne

Cet article est issu de l’édition de septembre 2014 d’ARVALIS-CETIOM Infos.

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