
Orges de printemps : une combinaison de facteurs à l’origine des jaunissements foliaires
02 juillet 2020L’évolution des jaunissements observés depuis mi-mai sur les feuilles d'orges et le retour des analyses réalisées en laboratoire nous permettent désormais de mieux cerner la cause de ces décolorations. La piste JNO se confirme, exacerbée par un stress climatique particulier.
Les jaunissements sont dispersés sur l’ensemble des parcelles, avec 20 à quasiment 100 % des plantes touchées, donnant parfois l’impression d’un « jaunissement généralisé » des parcelles. L’hypothèse strictement climatique est écartée, car toutes les plantes ne sont pas systématiquement touchées.
Les étages foliaires concernés à la mi-mai sont les F2/F3 définitives. Dans la très grande majorité des cas, les étages inférieurs ne présentent pas de symptôme, ce qui élimine l’hypothèse des maladies fongiques.
Les parcelles présentant un « moutonnement » de la végétation (plantes tassées/nanifiées) sont rares.
Courant juin, la proportion de plantes symptomatiques ne progresse pas. Les jaunissements gagnent parfois les F1, mais cette extension n’est pas systématique (photos).
Les retours d’analyses confirment la présence de JNO
Les pucerons, très présents sur les blés et orges d’hiver, ont rapidement colonisé les parcelles d’orges de printemps dès la levée. Les suivis effectués dans le cadre du BSV mettent en évidence leur présence tout au long du cycle : 8 à 9 parcelles sur 10 abritent des pucerons (figure 1).
L’hiver exceptionnellement doux a permis au virus de se multiplier activement, ce qui a entretenu le pouvoir virulifère des pucerons en sortie d’hiver/printemps.
Figure 1 : Pourcentage de parcelles d’orges de printemps avec présence de pucerons
(source : BSV Champagne-Ardenne 2020)
S17 = semaine 17, du 20 au 24 avril
L’orge de printemps est une espèce également sensible à la JNO, et les traitements insecticides ont souvent été positionnés tardivement en mai, vers les stades 1-2 nœuds. Cela pourrait expliquer que de nombreuses parcelles, malgré des interventions anti-pucerons, présentent ces symptômes typiques de jaunissement.
Nous avons réalisé des tests JNO sur deux de nos sites d’essais dans la Marne et dans l’Aube, qui présentaient des symptômes plus ou moins sévères de jaunissements, voire des tassements. Le retour des analyses confirme une forte présence de JNO : 100 % des échantillons issus de plantes avec symptômes sont revenus « 100 % positifs JNO » (figure 2). Quant aux analyses effectuées sur plantes « a priori saines », elles indiquent également la présence de JNO, généralement avec une fréquence un peu moins élevée, sauf en cas d’attaque sévère comme sur le site d’Herbisse (plantes nanifiées/tassées). Cela témoigne de l’omniprésence du virus cette année.
A noter qu’il n’est pas inhabituel de détecter de la JNO dans des parcelles de céréales ne présentant pas de symptômes.
Figure 2 : Résultats des tests JNO sur orges de printemps en 2020
(source : ARVALIS Champagne-Ardenne)
Hypothèse actuellement retenue : une combinaison climatique et virale
Les pucerons très présents dans les céréales durant l’automne et l’hiver, en lien avec les températures non gélives, ont pu coloniser les parcelles d’orges de printemps dès leur levée et transmettre le virus de la JNO au fur et à mesure du développement des orges.
La sécheresse, du semis à la fin montaison des orges, a engendré un stress important pour les plantes, extériorisant fortement les symptômes de JNO.
Ce serait donc la combinaison d’un important stress climatique et de plantes affectées par le virus de la JNO qui serait à l’origine de ces symptômes généralisés.
Des conséquences a priori limitées sur le rendement
A quelques jours de la récolte, nos premières mesures indiquent que la densité d’épis semble être la composante de rendement la plus variable cette année (notamment en sols à faible réserve en eau). Mais elle est avant tout affectée par des stress hydriques et/ou azotés, l’aspect JNO étant, dans ces situations, relayée au second plan.
La fertilité et le remplissage des orges de printemps ne semblent pas impactés par la présence de la JNO. Les risques de très fortes pénalités sur le rendement liées à la JNO semblent donc à écarter à ce jour.
Alexis DECARRIER (ARVALIS - Institut du végétal)
Philippe HAUPRICH (ARVALIS - Institut du végétal)
Célia COLIN (ARVALIS - Institut du végétal)
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