Articles et actus techniques
PAYS DE LA LOIRE

Maïs exposés à la canicule : que décider pour l’ensilage ?

La sécheresse perdure à nouveau dans notre région, créant des inquiétudes concernant la conduite des maïs, d’autant plus avec les températures caniculaires. Pas de précipitation pour les ensilages, un diagnostic préalable s’impose.

Les effets de la canicule sur le maïs 2022 en Pays de la Loire

Une année particulièrement précoce

Les températures cumulées depuis les semis sont largement excédentaires et flirtent avec le maximum des vingt dernières années.

Figure 1 : Températures cumulées depuis le semis - base 6-30 °C - 2022 se situe au niveau des maximales
Températures cumulées depuis le semis - base 6-30 °C - 2022 se situe au niveau des maximales

Dans ces conditions, les maïs ont évolué très rapidement, avec des floraisons en avance de 10 à 15 jours selon les secteurs. Les floraisons femelles ont été observées dès fin juin pour les situations les plus précoces, et entre le 7 et le 14 juillet pour les semis de fin avril. La chaleur perdurant, il faut s’attendre à des dates de récolte très en avance également.

La Jaillière (44) le 8 juillet – effet dépressif de la haie
La Jaillière (44) le 8 juillet – effet dépressif de la haie. En l’absence d’irrigation, compte tenu de la forte demande climatique, les cultures puisent dans la réserve de survie depuis fin juin.

Un déficit hydrique aggravé par les fortes températures qui survient en pleine floraison

Pour les semis de fin avril, majoritaires, les cultures ont été dans l’ensemble correctement alimentées en eau jusqu’au stade 12-15 feuilles. En l’absence d’irrigation, dans la plupart des sols, le déficit hydrique est devenu pénalisant sur la phase la plus sensible du cycle de la culture, la floraison. De plus, les fortes températures enregistrées depuis début juillet affectent le fonctionnement des plantes de maïs dont l’optimum se situe entre 20 et 30°C. Au-delà de 30°C, le développement est ralenti et la croissance, réduite.

Quels impacts des stress hydriques et thermiques ?

L’enroulement des feuilles, première manifestation du stress, est spectaculaire mais constitue pourtant une protection de la culture qui limite ainsi sa transpiration mais également sa photosynthèse, donc sa croissance.

Mais ce sont surtout les défauts de fécondation ou l’avortement des jeunes grains qui sont à craindre sous le double effet de la sécheresse et des fortes chaleurs. En effet, les ovules sont particulièrement sensibles à ces conditions extrêmes, et la viabilité du pollen est également réduite.

Les maïs derrière dérobées sont les situations les plus préoccupantes

Les semis de mai, derrière des dérobées ayant asséché le sol, sont les plus fortement pénalisés avec des sols non rechargés dès la levée et dont la réserve en eau n’a pas pu se reconstituer avant l’été, la pluviométrie de mai / juin étant insuffisante.

Sous l’effet du stress, ces parcelles ne se développent plus et se dessèchent, les floraisons sont bloquées.

Faire un diagnostic de situation avant toute décision de récolte anticipée

Sur des maïs desséchés, il est toujours délicat de prendre la décision d’ensiler. Sauf cas extrêmes (maïs sans épi), la décision doit être prise après le stade limite d’avortement des grains (SLAG), soit environ 15-20 jours après la floraison femelle. La décision sera prise en fonction du grain pondéré par l'état de l'appareil végétatif.

► Entrer dans les parcelles : ne pas s’en tenir à l’observation des plantes en bordures. Leur gabarit et leur état ne reflètent pas forcément le reste de la parcelle.

- Observer les plantes, du plus général au plus précis : hauteur moyenne et hétérogénéité, état des feuilles : vertes, jaunes, desséchées ; au-dessus, au niveau et au-dessous de l'épi.

- Estimer le pourcentage de plantes ayant un épi, estimer le nombre de grains par épi, estimer le nombre de grains par m² (voir encadré). Ne pas confondre les grains viables, en cours de remplissage, et les grains avortés (photo).

 Ovules non fécondés au sommet de l’épi, grains avortés juste en dessous
Ovules non fécondés au sommet de l’épi, grains avortés juste en dessous.

Pour des maïs à plus de 1 500 grains/m² et avec au moins 4-5 feuilles vertes au-dessus ou au niveau de l’épi → attendre l’évolution normale du grain.

En absence de grains, ou moins de 300 à 500 grains/m² → c’est l’évolution de la surface foliaire encore verte qui guide la décision.

Tableau 1 : Clés de prise de décision pour l’ensilage
Clés de prise de décision pour l’ensilage

Méthode d’estimation rapide du nombre de grains par m²
À réaliser en dehors des bords de champ, sur des zones représentatives. Le comptage est possible de trois semaines après la floraison femelle (SLAG) jusqu’à la récolte.
- comptage du nombre d’épis par m² sur au moins 3 fois 10 m² (ex. : 13,33 ml x 0,75 cm écartement),
- comptage du nombre de grains par épi (= nb de rangs x nb grains par rangs) sur au moins 3 fois 20 épis successifs.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.