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Risque canicule - Les fortes chaleurs favorisent la repousse physiologique des pommes de terre

La repousse physiologique est liée à la capacité de la culture à résister à des conditions extérieures (températures élevées, sécheresse) en bloquant le phénomène de tubérisation. La période de canicule actuelle constitue donc un danger immédiat pour la continuité de la tubérisation, indispensable pour la qualité finale des tubercules. Cela peut être accentué par le fait que certaines couvertures foliaires sont faibles et n’apportent qu’un ombrage partiel sur les buttes.

Canicule : un risque accru de repousse physiologique

De graves impacts sur le rendement commercialisable de la parcelle

La repousse physiologique est liée à un blocage de la tubérisation : les premiers tubercules formés ne se développent plus et de nouveaux stolons sont émis sur ceux-ci, ressemblant à des germes. Ces stolons s’allongent d’autant plus que la durée de blocage est longue. Lorsque les conditions climatiques redeviennent favorables (abaissement des températures, précipitations) la tubérisation reprend et une seconde génération se forme sur les stolons émis. Selon les scénarios climatiques et la réceptivité des plantes, la repousse physiologique peut donc se manifester sous différentes formes : émission de nouveaux stolons sur les tubercules, nouvelle génération de tubercules, surgeons, diabolos…

Lorsqu’elle est importante, cette repousse physiologique peut avoir de graves impacts sur le rendement commercialisable de la parcelle : hétérogénéité de qualité et de maturité entre tubercules, vitrosité, inaptitude à la friture, développement de pourritures au champ et/ou en conservation…

Certaines variétés sont plus sensibles que d’autre à ce phénomène ; c’est le cas notamment de Bintje.

Deux possibilités pour contre carrer la repousse physiologique

Irriguer très régulièrement les parcelles

Si l’exploitation dispose de l’irrigation, il est recommandé de faire des apports d’eau très régulièrement de manière à rafraîchir fréquemment les buttes et maintenir un tampon d’humidité suffisant dans le sol pour garantir une inertie thermique limitant la montée en température en cours de journée. Lorsque les équipements sont en nombres limité il est préférable de « sacrifier » certaines surfaces pour garantir un retour suffisamment rapide sur les parcelles à risque. Il est préférable d’accroître la fréquence de retour plutôt que d’accroître les doses en espaçant les retours.

Appliquer de l’hydrazide maléique

Les travaux conduits il y a quelques années par ARVALIS - Institut du végétal avec ses partenaires (Chambre d’Agriculture du Nord ‒ Pas-de-Calais, McCain, firmes…) ont montré que l’application en végétation de l’hydrazide maléique, homologué comme inhibiteur de germination, pouvait avoir un effet secondaire intéressant sur la repousse physiologique. Les conclusions suivantes en avaient notamment été tirées :

  • l’application en végétation assez précoce d’hydrazide maléique peut réduire le pourcentage de défauts physiologiques, notamment l’apparition ou le grossissement de tubercules de seconde génération,
  • cet effet se répercute sur la réduction significative de tubercules « flottants » au bain de sel à la réception en usine,
  • même si le rendement brut peut être réduit pour la condition traitée, le rendement commercial usine (rendement net) peut lui être significativement augmenté par la limitation des tubercules flottants,
  • la réduction de la vitrosité facilite le maintien d’une qualité « fritable » en conservation.

L’hydrazide maléique est aujourd’hui commercialisé sous plusieurs enseignes (FAZOR, ITCAN…). Il est autorisé en France sur pomme de terre à la dose de 5 kg/ha. Son application est réalisée au champ sur la végétation. Il s’accumule progressivement dans les tubercules où il contrôle la multiplication cellulaire des méristèmes. La date d’application doit donc prendre en compte le grossissement des tubercules : le stade « 80 % de tubercules > 25 mm » doit être dépassé. Pour une efficacité maximale, L’application doit être réalisée sur une plante « poussante », en dehors de périodes de trop fortes chaleurs (température moyenne inférieure à 25°C) et avec une hygrométrie élevée. En ce qui concerne le volume de bouillie, il est important de maintenir un volume d’eau suffisant d’au moins 200 à 300 l/ha.

Dans tous les cas, prévoir un délai d’au moins 2 à 3 semaines avant de procéder au défanage pour bénéficier de l’effet antigerminatif.

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