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Vidéo - Les clés de la réussite d’un sursemis en prairies installées

Après un été 2022 marqué par la canicule et la sécheresse, un grand nombre de prairies sont particulièrement dégradées, et plus spécifiquement celles qui ont subi du surpâturage. Même si elle reste aléatoire, la technique du sursemis peut permettre de rénover à moindre coût ces prairies mais également de pérenniser des prairies temporaires. Quels sont les points clés à respecter pour sa mise en œuvre ?

Le sursemis consiste à introduire une ou plusieurs espèces prairiales (graminées, légumineuses…) dans une prairie sans détruire totalement la flore existante, pour améliorer sa productivité et/ou sa qualité, sans interruption de production. C’est une technique légère à mettre en œuvre dont la réussite dépend de plusieurs facteurs, parmi lesquels la mise en contact des graines avec le sol et la maîtrise de la compétition entre les plantules et les espèces déjà présentes.

« Ouvrir » le couvert

Le sursemis nécessite la présence d’espaces libres suffisants pour que la graine puisse germer et la plantule se développer. Actuellement, cette condition est remplie dans bon nombre de prairies surpâturées au cours de cet été et ne nécessite donc pas d’intervention spécifique. Dans le cas contraire, un broyage ras s'impose avant le sursemis pour ramener la végétation à une hauteur inférieure à 5 cm.

Un désherbage sélectif est recommandé si les vivaces (rumex, chardons, renoncules, pissenlits…) sont trop nombreuses, ce qui augmente également le taux de sol libre (10-15 % minimum). Mais il existe un risque de rémanence des herbicides, notamment pour tous les produits à base de sulfonylurée qui interdisent quasi systématiquement le sursemis de légumineuses (tableau 1).

Tableau 1 : Délai à respecter avec un sursemis en fonction de l'herbicide utilisé et de l'espèce à implanter

Le griffage « ouvre » la prairie, crée des vides et favorise la création de terre fine. Il est réalisé soit par un passage croisé de herse étrille, soit par un passage de herses lourdes à dents droites, selon la densité de la végétation en place.

Nécessité d’une installation rapide

Les conditions actuelles avec des sols chauds et un retour de pluies significatives (20 à 30 mm minimum) dans un certain nombre de secteurs sont favorables à une germination et une levée rapide des graines. Par contre, le semis ne doit pas être trop tardif afin que les espèces implantées soient suffisamment développées (4-5 feuilles pour les graminées, 3 feuilles pour le trèfle blanc) pour supporter des gelées précoces. Dans une majorité de région, le sursemis d’un mélange graminées-légumineuses devra être réalisé avant le 20 septembre.

Dans un contexte de forte concurrence avec la végétation en place, la réussite du sursemis passe par le choix d’espèces et de variétés « agressives », à installation rapide. Pour des parcelles destinées au pâturage, le ray-grass anglais et le trèfle blanc sont à privilégier. Pour des parcelles destinées à la fauche, le ray-grass hybride, le brome et le trèfle violet seront mieux adaptés.

Un centimètre de profondeur maximum

Plusieurs types de semoirs peuvent être utilisés. Dans tous les cas, il est impératif de respecter une profondeur de semis ne dépassant pas un centimètre du fait de la petite taille des graines fourragères et donc de leurs faibles réserves nutritionnelles.

Le semoir à céréales classique, en relevant les socs ou en repoussant les descentes, permet de réaliser un semis à la volée après un léger hersage ayant créé de la terre fine en surface.

Un semoir spécifique de sursemis combine plusieurs opérations : griffage de la prairie (éléments de herse étrille), ouverture du couvert (disques ou socs), dépose de la graine, enfouissement (herse peigne) et rappuyage (rouleau). Ces semoirs sont performants mais nécessitent un réglage précis. Ils ne travaillent que la ligne de semis et réduisent donc les risques de levée des mauvaises herbes. Du fait de leur coût d’achat élevé, ils sont le plus souvent utilisés en CUMA ou en prestation de service (ETA).

Le semoir centrifuge distributeur d’anti-limace, monté ou non sur herses de prairies ou herses étrilles, conduit très souvent à un dosage et une répartition des graines assez aléatoires. Il est utilisable pour un sursemis de légumineuses mais reste déconseillé avec les graminées (semences plus légères très sensibles au vent).

La dose de semis préconisée pour le sursemis est proche de celle d’un ressemis en sol nu : elle varie de 20 à 25 kg/ha pour les graminées, en pur ou en association, et de 3 à 5 kg par ha pour le sursemis de trèfle blanc seul.

Le coût des différents itinéraires techniques suivant le matériel employé se situe entre 25 et 45 €/ha, hors semences (brochure « Sursemis des prairies »).

Un rappuyage indispensable

Une des clés du succès est de rappuyer juste après le semis pour favoriser le contact terre/graine. La graine bénéficie ainsi au mieux de l’humidité résiduelle. Cette opération peut être réalisée à l’aide d’un rouleau de type « cultipacker », « crosskillette » ou, mieux encore, par le passage d’animaux avec un fort niveau de chargement instantané (15 à 20 ares/UGB).

Lors de l’installation et du développement des jeunes plantules, il convient de limiter la concurrence de la végétation en place : rythme d’exploitation rapide de la parcelle (pâturage, fauche précoce), absence de fertilisation azotée dans les mois qui précédent ou qui suivent le sursemis, etc.

La rénovation d’une prairie par un sursemis nécessite d’avoir bien repéré, au préalable, les causes de la dégradation et de réunir certaines conditions. Par la suite, la mise en œuvre de pratiques adaptées (chargement, fertilisation, mode d’exploitation, assainissement…) garantira la pérennité et la productivité de la prairie.

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