
Légumineuses fourragères : produire des protéines avec une conduite optimisée
08 août 2011Face aux évolutions récentes du prix des matières premières riches en protéines (tourteau de soja…), les légumineuses fourragères présentent de nombreux atouts pour améliorer l’autonomie protéique des exploitations de polyculture élevage. Elles exigent toutefois un itinéraire technique soigné.
En pur ou en association avec des graminées, les légumineuses comme la luzerne ou le trèfle violet produisent un fourrage riche en protéines, sans apport d'azote.
Les légumineuses fourragères permettent de produire des fourrages riches en protéines sans engrais azoté. Les espèces telles que la luzerne, le trèfle blanc ou encore le trèfle violet sont les plus utilisées, d’autres comme le lotier ou la minette sont moins connues. Mais que ce soit en culture pure ou associée à des graminées, leur conduite, leur récolte et leur utilisation demandent beaucoup d’attention. A l’implantation, il est nécessaire d’avoir un lit de semences fin et bien « rappuyé ». Pour la luzerne, en dehors des sols calcaires, il est impératif d’inoculer les semences juste avant le semis pour favoriser l’installation et le développement des nodosités, dont les premières apparaissent au bout de 2 à 4 semaines. Les semis de printemps ou de fin d’été conviennent.
Sommaire
►Pour l'ensilage, un conservateur acide s'impose
►Limiter les pertes de feuilles en foin
►Limiter la dégradabilité des protéines dans le rumen
►Une piste avec l’ajout de tannins
Pour l’ensilage, un conservateur acide s’impose
Les légumineuses peuvent se conserver par voie humide ou sèche, avec des aptitudes différentes selon les espèces. Pour l’ensilage, il faut faucher au stade végétatif (60 cm) et préfaner pour augmenter la teneur en matière sèche à 30 - 40 %. L’ajout d’un conservateur acide est également recommandé pour le démarrage des fermentations lactiques et l’abaissement du pH. Mieux vaut privilégier l’ensilage de légumineuses associées à une graminée riche en sucres solubles, comme le dactyle ou le ray-grass anglais. Le trèfle violet, plus riche en sucres solubles que la luzerne, est plus facile à conserver ensilé. En enrubannage (50 à 60 % MS), la conservation est bonne, mais il importe d'être attentif au risque de perforation du film plastique et de placer les bottes sur le lieu de stockage juste après l'enrubannage. Pour la luzerne, les variétés à tiges fines permettent de limiter ce risque.
Limiter les pertes de feuilles en foin
En foin (80 à 85 % MS), le risque de perdre des feuilles pour la luzerne et le trèfle violet est élevé. Il faut faucher à plat, de préférence à l’aide d’une faucheuse classique. Le fanage doit avoir lieu le matin, les toupies tournant à régime lent. La vitesse d’avancement du tracteur doit être rapide et la fonction aérateur d’andains « marche en oblique » activée.
Il est préférable d’andainer aussi le matin, en optimisant le couple vitesse d’avancement/régime prise de force et de regrouper les andains pour un pressage plus rapide. Le pressage interviendra en fin de matinée ou tard le soir, les gros andains permettant de limiter le temps de rotation du foin dans la chambre de la presse. Le liage des bottes avec un filet est préférable au liage ficelle.
Limiter la dégradabilité des protéines dans le rumen
La date de fauche est déterminante, car la valeur alimentaire et l'ingestibilité des fourrages conservés sont liées avant tout à celle du fourrage vert. Si le stade de récolte optimal du début floraison est dépassé, la valeur alimentaire des légumineuses baisse. Si l’appétence des légumineuses améliore la quantité ingérée, à l’inverse, leurs protéines sont trop rapidement dégradées dans le rumen pour être absorbées dans l’intestin.
Parmi les solutions pour limiter cette dégradabilité, le semis d’associations avec des graminées (luzerne + dactyle, luzerne + fétuque élevée, RGA + trèfle blanc par exemple) améliore l’équilibre protéine/énergie du fourrage. Les micro-organismes du rumen utilisent en priorité l’énergie de la ration pour leur croissance et leur multiplication, épargnant ainsi une partie des protéines dans le rumen.
La date de fauche est déterminante sur la valeur alimentaire et l'ingestibilité des fourrages conservés.
Une piste avec l’ajout de tannins
D’autres solutions existent, mais elles sont plus difficiles à mettre en oeuvre. La déshydratation est la méthode la plus efficace, mais elle n’est pas faisable à l’échelle de l’exploitation. Des légumineuses naturellement riches en tannins comme le sainfoin ou le lotier corniculé peuvent aussi être semées en mélanges : luzerne + sainfoin, luzerne + lotier, RGA + trèfle blanc + lotier. Mais ces mélanges sont difficiles à conduire compte tenu des différences de hauteurs de couvert ou d’agressivité. L’addition de tannins condensés directement dans la ration est également une piste. Ceux-ci sont extraits d’espèces tropicales très riches puis ajoutés à la luzerne ou au trèfle. Les premiers résultats réalisés en laboratoire sont favorables à la valorisation des protéines et montrent que les tannins n’ont pas besoin d’être à proximité des protéines pour avoir un effet. Mais cette dernière piste doit toutefois encore être évaluée par des expérimentations sur animaux.
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