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Le broyage des résidus de maïs réduit les risques de contamination en DON

Une gestion adaptée des résidus de maïs présente de nombreux avantages, que la culture suivante soit un blé ou un maïs. Elle permet entre autres d'améliorer le taux de levée de la culture suivante, de limiter le développement de fusarioses et de détruire les larves de foreurs protégées dans les débris.

Qualité : réduire les risques de DON en broyant les résidus de maïs

Après maïs grain, le risque sanitaire pour les cultures suivantes est proportionnel au volume de résidus laissés en surface suite à la récolte. Fusarium graminearum, champignon producteur de mycotoxines (DON), est capable d’attaquer le blé et le maïs en se développant à partir des résidus de culture.

Dans le cas d'un blé implanté derrière un maïs grain, la gestion des résidus de récolte est importante, en particulier si aucun labour n’est réalisé, pour limiter le risque fusariose et assurer une bonne levée. Dans le cas d'une succession maïs / maïs, le broyage fin des résidus de récolte permet de lutter en préventif contre les insectes foreurs tels que les pyrales et les sésamies.

Enfouir les résidus de maïs pour réduire les risques de contamination du blé par le DON

La gestion des résidus de maïs (ou de sorgho) a un impact sur le risque de contamination des grains de blé par le deoxynivalénol (DON). Plus ils sont enfouis et/ou broyés finement, moins ils seront encore présents au mois de mai sous la culture de blé, réduisant ainsi le risque de contamination des épis par les ascospores de Fusarium graminearum (voir figure). D’autres facteurs influencent également le développement de ce pathogène : le climat en premier lieu mais aussi le choix de la variété de blé ou encore le traitement fongicide (matière active, positionnement). Pour un blé précédent maïs conduit sans labour, le choix d’une variété peu sensible au risque DON est impératif (note de sensibilité > 6) mais ne garantit pas l’impasse de protection en cas de pluies importantes autour de la floraison. Si les résidus sont enfouis, il est tout de même recommandé de choisir une variété moyennement à peu sensible (note > 4). Le blé dur n’est pas adapté au semis direct après maïs grain compte tenu de sa sensibilité aux fusarioses et aux mycotoxines. Si on limite au maximum la présence de résidus par un broyage et un enfouissement grâce au labour, le risque n’est pas plus important derrière un maïs que derrière un blé sans labour qui présente d’autres inconvénients.

Le broyage est également quasi obligatoire en semis direct pour limiter les risques, en cas de météo pluvieuse autour des stades épiaison-floraison.

Tableau 1 : Impact du travail du sol sur les teneurs en DON du blé tendre (essai de longue durée de Boigneville-91)
tableau gestion des résidus

Les débris végétaux peuvent être un obstacle à la levée

Avec un semoir conventionnel, la présence importante de débris végétaux dans le lit de semences peut être un obstacle à la levée du blé. En situation où un travail superficiel est réalisé, le broyage et l’enfouissement des résidus facilitent le fonctionnement des semoirs conventionnels ou rapides à disques et le positionnement des semences de blé. Le semis à la volée peut d’ailleurs faciliter les choses en supprimant les risques de bourrage ou de pianotement des éléments semeurs dans les résidus. C’est la solution proposée par le Semavator ou plus récemment par des systèmes de semis à la volée positionnés sur des déchaumeurs à disques indépendants. Semer avec un angle de quelques degrés par rapport aux rangs de maïs peut aussi limiter les bourrages dans certaines situations.

Mieux les résidus sont broyés finement et enfouis, et moins ils seront encore présents en mai sous la culture de blé. Un labour précédé d’un broyage fin est donc une technique efficace.

Bien répartir les résidus de maïs en semis direct

En semis direct, l’usage de semoirs à disques spécialement conçus est obligatoire : présence du dégagement nécessaire pour éviter les bourrages, poids élevé pour pénétrer un sol non travaillé. Avec cette technique, il est recommandé de ne pas broyer les résidus à la récolte pour éviter au maximum de les plaquer au sol avant le semis : ils représenteraient un obstacle à un positionnement correct des semences dans le sol. Pour des maïs grain qui produisent plus de 100 q/ha, la forte quantité de débris végétaux retournant au sol peut être un facteur limitant à l’implantation du blé suivant en semis direct. Une répartition homogène des résidus de récolte est alors nécessaire.

Semer le blé dans la foulée de la récolte permet aussi de bénéficier de résidus plus faciles à trancher que si on attend quelques jours. Le broyage des résidus après avoir semé le blé permet d’améliorer leur répartition à la surface du sol. Il facilite la lutte contre les foreurs du maïs et surtout contre Fusarium graminearum : nos essais montrent qu’en semis direct après maïs grain, la teneur du blé en DON peut être divisée par deux environ grâce au broyage des résidus. Attention en conditions humides, tout passage d’engin après le semis peut engendrer de la compaction.

Succession maïs / maïs : broyer finement les résidus de récolte

Dans ce cas, il est également recommandé de broyer à la récolte, ou juste après, le plus bas et le plus finement possible. Ce broyage mériterait d’être suivi par un travail superficiel du sol dès que possible en automne. Ces opérations, constituant ce qu'on appelle communément le mulching, ont plusieurs objectifs :

  • lutter contre les insectes foreurs du maïs (pyrale ou sésamie) en blessant les larves ou nymphes et en favorisant leur parasitisme. Un broyage réalisé aussitôt après la récolte procure une efficacité de 50 à 70 % contre les foreurs. Celle-ci peut être améliorée si l’action est suivie d’un travail superficiel (75 à 85 % d’efficacité) ou d’un dessouchage du collet (95 % d’efficacité) ;
  • réduire le risque mycotoxines sur le maïs suivant en favorisant la décomposition des résidus, support de conservation des fusarioses (F. graminearum et F. verticillioides) ;
  • faciliter l’implantation du maïs suivant, avec des résidus moins gênants ;
  • réduire les fuites d’azote en piégeant de l’ordre de 20 à 30 kg d’azote minéral par hectare. Le rapport C/N élevé des tiges de maïs favorise la réorganisation de l’azote minéral présent dans le sol. Un bon contact entre le sol et les résidus va accélérer la dégradation des résidus par les micro-organismes du sol ;
  • limiter le développement des maladies foliaires (helmintosporiose fusiforme et kabatiellose), dont les spores se conservent sur les résidus.

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