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Amendements basiques - La rapidité d’action du produit est un critère de choix important

Une large gamme d’amendements basiques est disponible sur le marché. Ils présentent une grande diversité de caractéristiques physiques (granulométrie, dureté…) et chimiques (nature de la base et des cations, solubilité…) ainsi que des prix à l'unité neutralisante très variés. Mais, c’est bien leur rapidité d’action qui oriente le choix du produit selon le type de chaulage envisagé (entretien ou redressement).

Chaulage, quels critères de choix pour l'amendement ?

En matière d’amendements basiques, on distingue principalement les produits cuits à base d’oxydes de calcium et d’oxydes de magnésium (chaux vives et chaux vives magnésiennes) et les produits crus à base de carbonates de calcium et de magnésium. Ces derniers peuvent être plus ou moins fins (pulvérisés, broyés ou concassés) et diffèrent par leur vitesse d'action.

La norme NFU44-001 distingue six classes d’amendements basiques (tableau 1).

Tableau 1 : Les six classes d’amendements minéraux basiques définies par la norme NFU44-001

Classe 1 Carbonates de calcium d'origine naturelle (CaCO3) Exemples : craie, maërl, marne, amendement calcaire
Classe 2 Carbonates de calcium et de magnénsium d'origine naturelle (CaCO3 +  MgCO3) Exemples : amendement calco-magnésien, dolomie, carbonate de magnésium
Classe 3 Chaux (oxyde de calcium CaO et/ou oxyde  de magnésium MgO)   Exemples  : chaux vives ou éteintes, calciques et/ou magnésiennes, oxyde de magnésium
Classe 4 Amendements basiques sidérurgiques  
Classe 5 Amendements minéraux basiques mixtes (mélange entre classes 3 + 1 ou 3 + 2 ou 3 + 2 + 1 ou 4 + 1 ou 4 + 2  ou 4 + 3) Amendement calcique ou magnésien mixte (15 % min de produits cuits)
Amendement basique sidérurgique mixte (50 % minimum de produit de classe 4)
Classe 6 Autres amendements basiques  Ecume de sucrerie, boues de décalcification des eaux de forage, carbonate de calcium issu de la production de pâte à papier

Cette norme impose également que les informations suivantes soient renseignés sur l’étiquette ou le bordereau de livraison :
   - dénomination du type d’amendement
   - référence à la norme, ou à l’homologation et à leur numéro
   - teneurs conventionnellement exprimées en % CaO et % MgO sur le produit brut, tel qu’il est livré, et non sur sec,
• nature de la base associée au calcium ou magnésium : carbonate, oxyde, hydroxyde, silicate,
• humidité (si elle dépasse 1 %),
• valeur neutralisante (VN),
• finesse de mouture : 80 % minimum passant au tamis de … mm, (facultative pour les produits des classes 3, 5 et certaines dénominations du type de la classe 6)
• solubilité carbonique ou dureté de la roche, (selon le type et la finesse, uniquement pour les produits crus)
• nom et adresse du responsable de la mise sur le marché,
   - masse nette

Des prix allant du simple au triple

La valeur neutralisante (VN) exprime la capacité potentielle d'un amendement basique à neutraliser l'acidité du sol. Elle est fonction des teneurs en CaO et MgO. A VN équivalente, les amendements basiques qu’ils soient cuits ou crus, fins ou grossiers, ont la même capacité de neutralisation de l’acidité du sol, quel que soit le pH du sol. C’est en fait le délai de neutralisation de l’acidité qui varie entre produits, selon leur vitesse d’action.

La VN constitue la base de calcul de la dose à apporter à l'hectare et de comparaison des prix des produits (tableau 2). Si un amendement a une VN de 92, cela correspond à 920 unités efficaces par tonne. Si cet amendement vaut 135 euros/tonne alors le coût de l’unité est de 135/920 soit 0,15 euro par unité de VN.

Le prix à l’unité neutralisante est fonction de la vitesse d’action et peut varier du simple au triple pour un même mode de mise à disposition auprès de l’utilisateur : de moins de 0,1 €/unité VN pour des carbonates broyés ou concassés à action lente, jusqu’à plus de 0,25 € pour les amendements les plus rapides d’action.

Tableau 2 : Caractéristiques techniques et gamme de prix à l’unité neutralisante de quelques produits

A dureté égale, plus un produit est fin, plus il agit rapidement
La rapidité d’action se réfère à la vitesse de dissolution du produit et dépend de sa finesse de mouture et de la tendreté/dureté du carbonate. Elle est estimée par la mesure de la solubilité carbonique (SC). A tendreté/dureté égales, plus le produit est fin, plus il est en contact avec le sol et donc agit rapidement. Pour un carbonate pulvérisé (80 % du produit passant au tamis 315 µ) ou broyé (80 % du produit passant au tamis de 4 mm), une SC supérieure à 50 caractérise les produits à action rapide. Lorsque la SC est comprise entre 20 et 50, l’action du produit est qualifiée de moyennement rapide et de lente lorsque la SC est inférieure à 20. Pour une roche concassée (plus de 20 % > à 4 mm), on parle de tendreté/dureté de la roche. La roche est tendre au-delà de 25 % de solubilité carbonique.

La rapidité d’action est un critère de choix des produits selon le type de chaulage envisagé (entretien ou redressement).

Les produits à action rapide ne sont justifiés qu’en cas de redressement

Les produits à action rapide tels que les chaux et calcaires pulvérisés ne s’imposent que dans les situations nécessitant un redressement d’urgence, c’est-à-dire lorsque le pH eau est inférieur à 5,5 et que le délai entre l’apport et l’implantation de la culture suivante est court (quelques semaines). Dans les autres cas, les amendements à action moyennement rapide ou lente conviennent également. Les expérimentations ont montré que les vitesses d’évolution du pH après un apport de redressement bien incorporé dans des sols acides différaient peu entre des carbonates pulvérisés et broyés. La qualité de l’incorporation du produit est donc aussi importante que sa nature en raison d’une action sur le pH limitée à quelques milimètres de la particule.

Ne pas négliger la qualité d’incorporation
Le mélange dans le volume de terre à corriger doit être aussi homogène que possible pour que la correction de l’acidité concerne la masse de terre la plus importante possible avant l’implantation de la culture qui suit. Pour cela, une pré-incorporation, par un ou deux passages d’outil de déchaumage est recommandée avant l’incorporation en profondeur par le labour. Un sol relativement sec est préférable pour garantir la qualité de ce pré-mélange.

Pour le chaulage d’entretien une action rapide n’est nullement nécessaire

Dans les sols régulièrement travaillés même superficiellement, la gamme de choix des amendements basiques en chaulage d’entretien est large sous réserve d’utiliser des produits permettant d’assurer une bonne homogénéité de la répartition de l’apport. En effet, même les produits à action lente se dissolvent suffisamment vite pour neutraliser l’acidification du sol. Le coût à l’unité VN rendu racine (tableau 2) qui varie fortement entre types d’amendements constitue un critère de choix essentiel.

En cas d’apports bloqués tous les 4 ou 5 ans ou plus , les produits d’action lente sont même préférables lorsqu’il s’agit de ne pas élever le pH au-dessus de 6,5 pour limiter le risque de carence de certains oligo-éléments.

Pour en savoir plus, commandez en ligne la brochure « Le chaulage en grandes cultures et prairies » paru en juin 2015 aux Editions ARVALIS.

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