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Engrais azotés sur blé tendre : l'efficacité du Nexen et de l'Apex confirmée

De nouveaux produits solides ont fait leur apparition sur le marché des engrais azotés. ARVALIS - Institut du végétal a réalisé des tests pour mesurer leurs efficacités. Le Nexen, l’Apex et l’Entec N26 sont ainsi apparus aussi performants que l’ammonitrate.

Le Nexen et l'Apex ont fait jeu égal avec l'ammonitrate en 2013

Les différences d’efficacités entre engrais azotés viennent principalement de leur plus ou moins grande sensibilité aux phénomènes de pertes auxquels est soumis l’azote dans le sol. Parmi les formulations « classiques », l’ammonitrate reste la référence car c’est la moins touchée par ces risques de fuite. Pour réduire la sensibilité des autres engrais azotés, les industriels de la fertilisation proposent de nouvelles formulations, afin d’agir sur la vitesse de mise à disposition des éléments minéraux de l’engrais dans le sol. Les principaux produits de ce type concernant le blé sont le Nexen, l’Apex et l’Entec N26.

Nexen : l’hydrolyse de l’urée retardée

ARVALIS - Institut du végétal a testé le Nexen, commercialisé par Koch Fertilizer Products SAS. Ce produit est une urée solide additionnée d’un inhibiteur de l’hydrolyse de l’urée, le NBPT. Il titre 46 % d’azote total, entièrement apporté sous forme uréique. Inhiber l’hydrolyse de l’urée permet de rendre la libération d’ammoniac dans la solution du sol progressive.
Avantage attendu : une limitation des pertes par volatilisation par rapport à une urée granulée classique.

Équivalent à l'ammonitrate

Pendant les deux dernières campagnes, le Nexen a été testé sur sept essais comparativement à de l’ammonitrate et à de l’urée granulée (1). Il a présenté une efficacité (rendement et dose d’azote optimaux) et une efficience (CAU) équivalentes à la forme de référence ammonitrate. À chaque fois que les conditions agronomiques des essais ont entraîné une différence entre l’ammonitrate et l’urée granulée au détriment de cette dernière forme (trois essais sur sept), l’ajout du NBPT a permis au Nexen de maintenir sa performance. Ces deux années d’essais confirment que le Nexen propose un principe technologique intéressant pour maintenir l’efficacité de l’urée granulée au niveau de celle de l’ammonitrate quand cela est nécessaire.
Seul bémol : le produit n’a pas été testé en condition de valorisation de l’azote de l’engrais très difficile, tel qu’un temps sec, sans pluie consécutive à l’apport, comme au printemps 2011.

La dénomination Apex recouvre en fait toute une gamme de produits utilisant la même technologie mais avec des compositions variées en éléments minéraux.

Apex : une libération progressive des éléments

Pour sa part, l’Apex, produit par Timac Agro, est un engrais à base de sulfate d’ammoniac ayant bénéficié d’un process de fusion, granulation et cristallisation en usine destiné à permettre une libération progressive des éléments. Conséquence attendue selon la firme : une limitation des pertes potentielles.

Deux produits en test

Pour des raisons pratiques, ARVALIS - Institut du végétal n’en a testé que deux : Apex N23 (8 % d’azote sous forme urée, 15 % d’azote sous forme NH4+, 43 % SO3) et Apex N30 (26 % d’azote sous forme urée, 4 % d’azote sous forme NH4+, 20 % SO3, 3 % MgO). Il faut noter que les produits de la gamme contiennent une part plus ou moins importante de soufre.

Lors de la dernière campagne, les produits Apex (1) ont été testés sur le deuxième apport, au stade épi 1 cm, généralement à deux doses (dose prévisionnelle totale ou réduite de 50 kg N/ha). Le premier et le troisième apport ont été réalisés avec de l’ammonitrate. Les deux formulations étudiées dans les cinq essais 2012-2013 ont présenté des performances équivalentes à la référence ammonitrate, et meilleures que celle de l’urée granulée quand celle-ci est moins efficace et/ou moins efficiente que la référence (cas de deux essais en 2012-2013). Les résultats de l’Apex restent à confirmer lors d’une seconde année d’expérimentations présentant des conditions de valorisation des engrais plus contrastées. Il faut signaler que les essais ont bénéficié d’une couverture en soufre afin que cet élément ne soit pas limitant, pour ne tester que l’effet « azote » des produits.

Entec N26 : la nitrification retardée

Commercialisé par EuroChem Agro France SAS, l’Entec N26 est un sulfonitrate d’ammoniac additionné d’un inhibiteur de nitrification appelé DMPP. Il titre 26 % d’azote total en masse et apporte aussi du soufre. Le DMPP ralentit le processus de nitrification dans le sol (passage de la forme ammoniac à la forme nitrate) en agissant sur l’activité des bactéries Nitrosomonas. De fait, le temps de résidence de l’azote sous forme ammoniacale est allongé. Un engrais contenant cet additif devrait limiter les pertes par lixiviation et par dénitrification en raison d’une moindre quantité de nitrate présente dans le sol. Selon les conditions agro-climatiques, cela pourrait améliorer l’efficacité et l’efficience de l’engrais, voire éventuellement favoriser une absorptiond’azote plus progressive du fait de la mise à disposition graduée d’ion nitrate.

Dans des essais conduits de 2005 à 2009 par ARVALIS - Institut du végétal (2), les performances de l’Entec N26 ont été comparées à celles de l’ammonitrate sur blé tendre et blé dur. À la dose optimale pour la forme ammonitrate, les rendements obtenus par des apports d’Entec N26 ne sont pas différents d’un point de vue statistique (figure 1).

L’Entec N26 est donc apparu globalement aussi performant que l’ammonitrate, sans qu’un effet retard n’ait pu être mis en évidence. Notons que l’Entec N26 apporte une quantité importante de soufre.

Figure 1 : Relation entre le rendement obtenu avec l'ammonitrate à la dose optimale et le rendement obtenu avec l'Entec N26 ou le Nexen pour la même dose d'azote apportée.

6 essais 2005-2012. Différence de rendement non significative (à 5 % par un test en méthode des couples).

(1) Essais réalisées à Ouzouer-le-Marché (41) et à Vraux (51) en 2012, ainsi qu’en Cambrade (31), à Bignan (56), Saint-Hilaire-en-Woëvre (55), à Ouzouer-le-Marché (41) et à Vraux (51) en 2013.

(2) Essais réalisés à Aix Valabre (13) en 2005 (sol de limon sableux (pH eau = 7,8), variété de blé dur Ambrodur), à Peyrens (11) en 2006 (sol argilo-limoneux (pH eau = 8), variété de blé dur Néodur), à Mongaillard-Lauragais (31) en 2009 (sol d’alluvion limoneuses profondes (pHeau = 6,0), variété de blé dur Pescadou), à Bignan (56) en 2009 (sol de limon sur schiste (pHeau = 6,2), variété de blé tendre Prémio), à Plélo (22) en 2009 (sol de limon argileux sur schiste (pHeau = 6,1), variété de blé tendre Trémie).

Cet article est issu de l'édition de janvier 2014 d'ARVALIS-CETIOM Infos.

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