
Jaunissement des blés : la mosaïque des stries détectée
18 juin 2020Retour à la première quinzaine de mai : les dernières feuilles de blé jaunissent en stries au niveau de la pointe. Et les symptômes sont encore visibles aujourd’hui. Des analyses ont permis de trouver la cause de ces symptômes atypiques : il s’agit du virus de la mosaïque des stries du blé (Wheat Streak Mosaïc Virus, WSMV), transmis par un acarien, Aceria tosichella.
Le virus de la mosaïque des stries du blé détecté en Limagne
Des symptômes de décolorations en stries, irrégulières (tirets chlorotiques), partant des pointes des feuilles, sont apparus début mai sur des parcelles de blé. Différentes variétés sont concernées. Dans beaucoup de cas, les parcelles ne présentaient ni moutonnement, ni réduction de la végétation. Les symptômes sont apparus dans les parcelles par grandes zones, voire dans les parcelles entières, et ont souvent évolué vers la décoloration complète des feuilles touchées, plutôt sur les étages supérieurs.
Photos 1 à 3 : Symptômes dans des parcelles où le virus WSMV a été détecté
Des tests ELISA ont révélé la présence de virus WSMV sur les feuilles de cinq parcelles sur les huit testées. Les cinq parcelles où la présence de WSMV a été détectée se situent dans le Puy-de-Dôme, en Limagne nord et sud, mais des symptômes similaires ont été signalés dans l’Allier et la Haute-Loire.
Un acarien vecteur du virus de la mosaïque des stries du blé
Aceria tosichella est un acarien blanchâtre de très petite taille (0,3 mm de long). Il possède deux petites paires de pattes et peut se déplacer sur les plantes, mais sa dispersion est essentiellement dépendante du vent (courtes distances). Un temps chaud à l’automne prolonge la période pendant laquelle Aceria tosichella peut se reproduire. La littérature fait également état d’une survie favorisée par les hivers doux. Il se nourrit sur les feuilles de diverses graminées (au moins 30 espèces).
Aux stades adulte et nymphal, A. tosichella transmet différents virus, dont celui de la mosaïque des stries du blé (WSMV). Ce virus peut infecter de nombreuses poacées, dont le blé et l’orge, mais aussi des adventices. L’infection virale affecte plus fortement le blé. Dans certaines régions du monde, les dégâts sont importants, notamment en Amérique du Nord, où ont été développées des variétés de blé résistantes. Cet acarien est présent en Europe. En France, suite à des observations de symptômes au printemps, la présence de WSMV a été détectée en 2006 dans l’Eure, en 2018 en Poitou-Charentes, en 2019 dans l’Indre-et-Loire, et, donc, cette année dans le Puy-de-Dôme.
Quel impact sur le rendement ? Que faire à l’avenir ?
Dans les trois situations françaises où le WSMV a été détecté sur blé par le passé, les pertes ont souvent été négligeables. Mais elles ont pu atteindre jusqu’à 20 % en 2006 dans des situations de semis très précoces et présentant des symptômes très intenses. Les situations concernées sont sporadiques. Il n’y a pas eu, a priori, de nouveaux signalements de symptômes dans ces parcelles ou régions, bien que l’on ne puisse pas exclure une confusion avec les mosaïques plus « habituelles » provoquées par les virus VMC et VSFB et transmises par le champignon du sol Polymyxa graminis.
Cette année, en Auvergne, il sera difficile de distinguer l’impact de la sécheresse printanière et celui du WSMV. De plus, les dégâts d’autres bioagresseurs peuvent s’ajouter à ceux du WSMV. C’est notamment le cas de ravageurs tels que les taupins et les zabres, qui ont été particulièrement présents cette année, tout comme les pucerons vecteurs de la Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO). Dans les cinq parcelles où la présence de WSMV a été détectée, la recherche de JNO s’est avérée également positive ; rien d’étonnant, donc, à ce que les symptômes se cumulent…
Nathalie ROBIN (ARVALIS - Institut du végétal)
Romain VALADE (ARVALIS - Institut du végétal)
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