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Résultats d'essais - Fertilisation : inutile d’apporter du soufre sur céréale bio

D’après sept essais réalisés dans le bassin parisien par ARVALIS et les Chambres d’agriculture d’Île-de-France, du Loir-et-Cher et de l’Oise, mieux éviter d’apporter du soufre sur céréales conduites en agriculture biologique (AB). En effet, cela n’améliore pas le rendement et semble pénaliser la teneur en protéines.

Faut-il apporter du soufre sur céréales en agriculture biologique ?

Le soufre est essentiellement présent dans le sol sous forme organique. Il doit se minéraliser en sulfate (élément très lessivable) pour être assimilé par les plantes. La carence en soufre peut survenir dans certaines conditions :

  • sols superficiels et/ou filtrants avec un risque élevé de lixiviation (en cas d'une forte pluviométrie hivernale) ;
  • sols de craie à faible capacité de réchauffement au printemps où la minéralisation démarre trop tardivement ;
  • sols à faible minéralisation du soufre organique, soit en raison d’une teneur en matière organique faible (apports d’effluents d’élevage rares...), soit en raison d’un taux de minéralisation faible (sols calcaires par exemple).

Pour limiter le risque de carence, des essais ont évalué l’intérêt d’apporter du soufre sur céréales à paille. Une modalité avec apport de 50 kg de SO3/ha sous forme de kiésérite (sulfate de magnésium à 25 % de MgO et 50 % de SO3) en sortie d’hiver a été comparée à un témoin sans apport. La quantité testée est censée largement couvrir les besoins puisqu’en AB, les céréales absorbent de l’ordre de 25 à 35 kg SO3/ha. Dans l’un des essais, l’apport de soufre a été testé avec ou sans apport d’azote sous forme de vinasse.

Pas d’effet significatif sur le rendement

Quels que soient l’essai et la céréale concernée, il ne ressort aucune différence significative entre le témoin non fertilisé et la modalité recevant du Soufre (figure 1). Le regroupement des essais confirme cette conclusion statistique.

Figure 1 : Rendement des modalités avec apport de kiésérite en fonction des modalités témoins dans l’essai correspondant

Synthèse de 7 essais conduits en 2019 et 2020 dans les départements 41, 45, 60, 77 et 91 en partenariat : 3 essais ARVALIS, 2 essais CA IDF, 1 essai CA 41 et 1 essai CA 60.
Espèces : 5 essais blé tendre d'hiver, 1 essai avoine d'hiver et 1 essai triticale.
Test statistique par comparaison de moyennes appariée : NS différence non significative.

Des essais en situations bien pourvues en soufre

L’absence d’effet de la fertilisation soufrée sur le rendement peut s’expliquer du fait que les essais ont été majoritairement conduits sur des parcelles recevant régulièrement des apports de matières organiques (tous les 2 à 5 ans) et donc moins sujettes au risque de carence que des parcelles qui n’en reçoivent jamais. De plus, l’hiver 2018-2019 a été relativement sec, ce qui a limité la lixiviation du soufre sous forme de sulfate. À l’inverse, bien que l’hiver 2019-2020 pluvieux ait probablement engendré des pertes par lixiviation, les températures douces en sortie d’hiver ont pu favoriser la minéralisation du soufre.

Tableau 1 : Principales caractéristiques des essais

La variété des conditions pédoclimatiques se traduit par des écarts de reliquats de sortie d'hiver.

Un effet négatif sur les protéines qui reste à expliquer

S'il n'affecte pas le rendement, l’apport de 50 kg de SO3/ha (100 kg de kiésérite) pénalise significativement(1) la teneur en protéines du grain (figure 2). Il ne s’agit pas d’un effet dilution de l’azote puisque le rendement n’est pas amélioré. Autrement dit : pour un rendement équivalent, la teneur en protéines est plus faible avec apport de soufre que sans apport. À l’exception d’un essai où l’apport était somme toute modéré, les essais ont été conduits sans fertilisation azotée.

Figure 2 : Teneur en protéines des modalités avec apport de kiésérite en fonction des modalités témoins dans l’essai correspondant

Synthèse de 7 essais conduits en 2019 et 2020 dans les départements 41, 45, 60, 77 et 91 en partenariat : 3 essais ARVALIS, 2 essais CA IDF, 1 essai CA 41 et 1 essai CA 60.
Espèces : 5 essais blé tendre d'hiver, 1 essai avoine d'hiver et 1 essai triticale.
Test statistique par comparaison de moyennes appariées -** Différence significative au seuil de 5 % (test de Student).

En AB, préférer l’apport de soufre sur luzerne

Ces résultats conduisent à ne pas conseiller d’apport de kiésérite sur céréales à paille, mais plutôt à les positionner sur d’autres cultures plus exigeantes comme le colza, la luzerne, voire d’autres protéagineux. En effet, un essai ARVALIS a démontré l’intérêt de l’apport de kiésérite sur luzerne conduite en AB sans apports organiques pour lever une carence en soufre.

(1) Test de Student en regroupant les essais. La comparaison des modalités intra-essais n’est significative dans aucun d’entre eux.

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