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Les Essentiels d'ARVALIS - Fertilisation des céréales : quel rôle joue la pluie après un apport d’azote en culture ?

15 à 20 mm de pluie dans les 15 jours suivant un apport d’engrais azoté sont nécessaires pour valoriser ce dernier. C’est ce qui ressort des expérimentations menées par ARVALIS. S’il est indispensable, ce critère « pluie après l’apport » n’est toutefois pas suffisant pour assurer une valorisation totale de l’azote de l’engrais par la plante.

La pluviométrie, un facteur clé pour l’efficacité de l’engrais

Outre la détermination de la dose adéquate à apporter à la culture, une gestion correcte de la fertilisation comprend l’optimisation des modalités d’apport des engrais azotés. Dans ce cadre, la quantité de pluie reçue dans les jours qui suivent l’intervention est un facteur déterminant.
Quels sont les seuils de pluie et les délais entre l’apport et la pluie pour que l’azote apporté soit bien valorisé ? Quelles sont les conséquences sur les périodes optimales d’apport d’engrais azotés ?

Comment ça marche ?

Avec la mise en œuvre de pratiques de fertilisation azotée visant à optimiser l’usage des engrais (fractionnement de l’azote impliquant un dernier apport après le stade 2 nœuds), des expérimentations spécifiques ont été conduites par ARVALIS afin de mieux cerner l’impact de la pluviométrie sur l’efficacité d’un apport d’azote courant montaison. En effet, la mise en pratique des conseils de doses modérées courant tallage se heurte parfois à la crainte que l’efficience des apports en montaison soit affectée par un déficit de pluie à cette période.

Les références expérimentales ARVALIS

De nombreux essais ont été conduits sur ce thème, en particulier des expérimentations sous les abris mobiles du Magneraud (17) entre 1995 et 1997, impliquant une irrigation par aspersion. Différents scénarios ont été testés après un apport d’azote au stade épi 1 cm (1997) ou au stade 2 nœuds (1995 et 1996), fonction de la quantité de pluie, du délai entre l’apport d’azote et la pluie, de l’humidité de la couche de surface au moment de l’apport et du moment de l’apport dans la journée. Le marquage de l’engrais avec de l’azote 15 (isotope de l’azote) a permis de mesurer à la floraison et à maturité, la part d’azote provenant de l’engrais absorbé par le blé au travers du Coefficient Réel d’Utilisation noté CRU. Deux formes d’azote : l’ammonitrate et la solution azotée ont été comparées avec un apport au stade épi 1 cm en 1997 alors que seule la forme ammonitrate a été utilisée dans les essais de 1995 et 1997.

Ce dispositif sous « pluie contrôlée » dans des argilo-calcaires caillouteux sur calcaire dur a montré que :

  • Le seuil de 20 mm de pluie dans les 20 jours suivants l’apport permet d’assurer une valorisation satisfaisante d’un apport d’engrais azoté, pour les différentes formes d’engrais (solide et liquide) que le sol soit sec ou humide au moment de l’apport – ceci en l’absence d’autres facteurs limitants que l’eau. Par extrapolation, on s’accorde pour fixer à environ 15 jours le délai acceptable pour cumuler 15 mm de pluie.
  • L’impact de la pluviométrie sur l’utilisation de l’azote de l’engrais varie selon le type d’engrais en lien avec les pertes par volatilisation ammoniacale. L’absence de pluie pendant 23 jours après l’apport a diminué le CAU (Coefficient Apparent d’Utilisation) de l’engrais de 30 % pour la solution et de 9 % pour l’ammonitrate comparativement à l’ammonitrate en conditions optimales. Ces différences sont en grande partie attribuables aux pertes par volatilisation ammoniacale auxquelles la solution azotée est plus sensible. L’efficacité de la solution peut être améliorée si l’apport est réalisé moins de 3 jours avant une pluie de 10 à 15 mm. L’ammonitrate est moins sensible aux pertes en l’absence de pluie, en raison de pertes quasi nulles pendant la phase de « stagnation des granules » à la surface du sol (sécheresse) et peut être rapidement assimilé en cas de retour des pluies.

Cette expérimentation a été complétée par des essais plus récents menés dans différentes régions françaises. Cette synthèse de 58 essais réalisés par ARVALIS entre 1994 et 2011 a permis de déterminer qu’au moins 15 à 20 mm de pluie après un apport sont nécessaires pour une valorisation satisfaisante de l’azote de l’engrais.

 Les préconisations d'ARVALIS

  • Une certaine quantité de pluie consécutive à l’apport d’engrais azoté est nécessaire pour que l’azote soit bien valorisé : plusieurs expérimentations ont permis de déterminer qu’au moins 15 à 20 mm de pluie dans les 15 jours sont pour cela nécessaires.
  • Il est conseillé d’apporter la solution azotée en période pluvieuse (petites pluies annoncées dans les 3 jours après l’apport), sinon reporter l’apport, ceci pour limiter les pertes par volatilisation.
  • L’apport de l’ammonitrate est moins soumis aux prévisions de pluies : il est moins sensible aux pertes en cas de « stagnation des granules » sur le sol (sécheresse) et peut être rapidement assimilé dès le retour des pluies.

En pratique : suffisamment de pluie en année « normale »

Sur la base d’un seuil de 15 mm de pluie dans les 15 jours suivant l’apport azoté, il est possible de déterminer le nombre de jours par mois a priori propices pour réaliser un apport d’engrais azoté dans de bonnes conditions concernant le facteur pluie. En année médiane (ou normale saisonnière), la valorisation des apports d’engrais par la pluie ne pose pas réellement de problème à l’échelle nationale, excepté en mars et juin dans certaines régions. C’est le risque de de mauvaise valorisation de l’apport azoté à « épi 1 cm » qui est en tendance le plus grand à l’échelle de la France. Cette analyse mérite d’être regardée dans chacune des régions.

Sources documentaires

• Bouthier Alain « Efficacité d’un apport d’azote sur blé tendre » - Perspectives Agricoles - n°223 - avril 1997.

• Cohan Jean-Pierre « Optimiser l’efficacité des apports en culture » -  Perspectives Agricoles N°352 - janvier 2009.

• Bouthier Alain, Cohan Jean-Pierre « Engrais azotés : pluie après l’apport un facteur d’efficacité» - Perspectives Agricoles - n°364 - février 2010.

• Cohan Jean-Pierre, Le Souder Christine « Fertilisation azotée du blé tendre d’hiver : Raisonner au mieux l’apport épi 1 cm » - Perspectives Agricoles - n°375 - février 2011

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