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Prairies : appliquer la règle des 200 degrés-jours cumulés pour déclencher le premier apport d’azote

Un apport d’azote minéral ou de lisier, dès les 200 degrés-jours cumulés (en base 0°C) depuis le 1er janvier, permet de maximiser la production d’une prairie de graminées au premier cycle.

Prairies de graminées : quand déclencher le premier apport d'azote ?

Contrairement aux céréales à paille, il n’existe pas de stade physiologique « repère » permettant de positionner les apports d’azote sur prairies. Le démarrage de la croissance de l’herbe, correspondant à la date optimale d'apport de l'azote, se raisonne en fonction d’une somme de températures en base 0°C depuis le 1er janvier. Ce critère présente l’avantage de prendre en compte le contexte climatique de l’année et la localisation de la prairie.

Des travaux conduits par ARVALIS sur la fertilisation des prairies à base de graminées ont établi qu’un premier apport d’azote (sous forme minérale ou lisier) réalisé à 200 degrés-jours cumulés assure une production fourragère de qualité dès le premier cycle de la culture.

C’est le meilleur compromis pour éviter un apport trop tardif, synonyme de ralentissement de la croissance et de moindre production d’herbe au printemps. Il ne doit pas non plus être trop précoce au risque d'engendrer des pertes par volatilisation ou dénitrification.

Une règle valable partout en France pour des doses inférieures à 100 kg N/ha

Cette règle s’applique dans toutes les régions françaises. Elle est valable pour une dose appliquée inférieure à 100 kg N/ha et quel que soit le mode d’exploitation de la prairie (pâturage, ensilage, enrubannage, foin). En revanche, si la dose est supérieure à 100 kg N/ha, il sera nécessaire de la fractionner en deux apports. Le premier apport sera toujours déclenché à 200 degrés-jours, tandis que le second sera positionné après la récolte de premier cycle de la prairie.

A noter que dans le cadre de Prairies Multi-Espèces, il est préférable d’effectuer une impasse sur l’apport d’azote la première année afin de favoriser l’implantation des légumineuses. Les années suivantes, les apports ne devront pas excéder 100 kg N/ha pour favoriser cette fois-ci les graminées, sans conséquences majeures sur les légumineuses.

En prairies installées, les fournitures d’azote par le sol sont globalement faibles en sortie d’hiver. Un apport d’azote à 200 degrés-jours cumulés permet de faire coïncider une disponibilité suffisante de cet élément pour les plantes dont les besoins sont importants et croissants.

Converti en date calendaire via des données météorologiques historiques, le seuil d’atteinte des 200 degrés-jours cumulés depuis le 1er janvier permet d’établir la période optimale pour effectuer le premier apport d’azote sur prairie dans toutes les régions françaises (carte 1). Néanmoins, il est nécessaire d’actualiser ce calcul aux conditions de l'année afin de piloter plus finement le déclenchement du premier apport. C’est tout l’intérêt de l’outil gratuit DateN’Prairie (encadré).

Carte 1 : Dates médianes (sur 20 ans : 2004-2023) pour cumuler 200 degrés-jours (base 0°C) depuis le 1er janvier de l’année

Carte 1 : Dates médianes (sur 20 ans : 2004-2023) pour cumuler 200 degrés-jours (base 0°C) depuis le 1er janvier de l’année

Apports d’azote : un raisonnement spécifique aux prairies

Depuis plus de 20 ans, les pratiques de fertilisation azotée sur céréales à paille ont beaucoup évolué : les apports initialement concentrés début montaison se sont progressivement étalés jusqu’à mi-montaison, voire fin montaison. Cette pratique se justifie notamment par la recherche du meilleur compromis entre le rendement en grains et la teneur en protéines, qui n’est pas proportionnel à la biomasse produite en début de cycle.

Sur prairies, le raisonnement est très différent : l’objectif de la fertilisation azotée est ici de maximiser la production de biomasse. Il est primordial de satisfaire précocement les besoins azotés afin d'optimiser la croissance maximale de chacune des talles émises.

Mais que ce soit pour les céréales ou les prairies, un apport juste avant une période pluvieuse et en conditions favorables à la croissance permet d’en maximiser l’efficacité. De même, dans tous les cas, il convient d’adapter la dose aux besoins de la culture en place.

Attention aux conditions de portance

Avant tout apport, il convient bien évidemment de vérifier la réglementation locale en vigueur (Directive Nitrates), en particulier dans les zones précoces.

Il est également indispensable d’être vigilant quant à la portance des sols. Avant tout apport, et notamment de produits organiques résiduaires à l’aide d’équipements lourds, il convient d’observer une période de ressuyage suffisante.

En conditions ennoyées, l’azote n’étant pas le facteur limitant de la croissance des plantes, la priorité sera donnée au ressuyage.

Enfin, les prévisions météorologiques peuvent constituer une aide au positionnement des épandages. Par exemple, en cas de fort gel annoncé, l’apport peut être décalé afin de coïncider davantage avec le redémarrage de la végétation. L’effet d’un décalage de l’apport à 300 degrés-jours sur le rendement et la qualité reste globalement faible. Un apport au-delà entraîne en revanche des pertes de rendement et ce d’autant plus que l’exploitation de la prairie sera précoce (pâturage, récolte avant épiaison).

Planifier le premier apport d’azote grâce à l’outil Date N’Prairie

Pour calculer une somme de températures base 0, il faut relever chaque jour les températures minimales et maximales sous abri afin de calculer la moyenne journalière, puis additionner les moyennes journalières supérieures à 0°C.

En valorisant des données météos actualisées tous les jours, Date N’Prairie est un outil qui utilise la règle des 200 degrés-jours pour apprécier la précocité ou la tardiveté de l’année dans sa région.

Il s’agit d’un site web accessible gratuitement depuis un smartphone, un ordinateur ou une tablette. Il suffit à l’utilisateur de renseigner son code postal pour obtenir sa date d’apport.

Les calculs sont réalisés à partir des données de la station météo la plus proche fournies par Météo France.



L’outil est accessible sur mobile, tablette et ordinateur.

Consultez la date prévisionnelle du premier apport d’azote sur prairies de graminées pour votre région grâce à l’outil Date N’Prairie.

Évidemment, le premier apport d’azote sur une prairie devra être réalisé si les conditions de portance le permettent et dans le respect des règles fixées par la Directive Nitrates.

1 commentaire

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  • Bonjour à tous ,
    Ne faisant qu'un seul apport d'azote sur prairies avec une seule récolte de fourrage en juin /juillet, quel est le meilleur moment pour effectuer cet apport ?
    Je suis de Gironde .
    En vous remerciant ; Laurent

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