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Ce mois-ci dans Perspectives Agricoles : est-il intéressant de réduire l’écartement entre les rangs de maïs ?

L’optimisation du matériel de semis entre différentes cultures peut conduire à réduire les écartements en maïs. Benjamin Pointereau, ingénieur régional ouest chez ARVALIS - Institut du végétal, revient sur les enjeux et les conditions de ce choix.

Peut-on réduire l’écartement des rangs de maïs sans risque ?

Perspectives Agricoles : Quelles raisons peuvent inciter à rapprocher les rangs ?

Benjamin Pointereau : L’amortissement d’un semoir sur plus de surfaces est souvent mis en avant. C’est a priori possible en présence de plusieurs cultures compatibles avec un écartement de 50-60 cm, comme le colza, le tournesol, la betterave ou encore le lupin. Dans le cas du maïs, habituellement semé avec un écartement de 75 à 80 cm, le principe est de valoriser au plus vite la lumière disponible au printemps par une couverture rapide du sol. Pour cela, on peut augmenter la densité, mais la compétition entre les pieds est alors accrue, ou diminuer l’écartement entre les rangs, ce qui réduit la concurrence entre les jeunes plants, plus espacés sur le rang.

P.A. : Comment cette pratique s’envisage-t-elle en maïs ?

B.P. : Avant toute autre considération, il s’agit de respecter la densité de semis en lien avec la précocité des variétés et le potentiel de rendement des parcelles. Par exemple, dans le cas d’une variété précoce de maïs fourrage, l’objectif de peuplement pour optimiser le rendement est de 95 000 plantes/ha. À cette densité de semis, un écartement de 80 cm correspond à une distance entre les graines sur le rang de 13 cm ; à 60 cm d’écartement cette distance passe alors à 18 cm. L’important est d’obtenir un peuplement homogène sur la parcelle avec une distance régulière entre les graines ; ces critères peuvent être plus difficiles à respecter avec un semoir à céréales, parfois utilisé en maïs fourrage.

P.A. : Un impact sur le rendement est-il à attendre ?

B.P. : La réduction des écartements de semis en maïs fourrage et maïs grain a fait l’objet de plus de 20 essais réalisés dans les années 80. Ils font toujours office de référence. Des écartements entre rangs de 40, 50 ou 60 cm donnaient en moyenne des rendements comparables à ceux constatés avec des écartements de 75 ou 80 cm, quelles que soient les densités de semis. En 2014 et 2015, l’équipe ARVALIS de Bignan en Bretagne a mis de nouveaux essais en place en maïs fourrage avec des variétés récentes. Les premiers résultats avec un semoir pneumatique de précision indiquent des rendements similaires pour un écartement de 50 cm comparé à un semis à 80 cm. En maïs grain, les équipes d’Alsace, du Centre et de Poitou-Charentes ont également obtenu le même type de résultat. Dans ces essais, moins de relevées d’adventices sont parfois constatés à écartement réduit, mais les effets bénéfiques sur le programme de désherbage restent à confirmer.

P.A. : Quels sont les points de vigilance au semis ?

B.P. : S’il n’y a pas de contre-indication à réduire l’écartement entre les rangs de maïs, il faut toutefois veiller au respect des principes fondamentaux de son implantation. Pour garantir une levée homogène, les graines doivent être positionnées entre trois et cinq centimètres de profondeur. Un semis trop superficiel expose les graines au dessèchement et aux prédateurs, un semis trop profond ralentit la levée. Le contrôle de l’humidité avant le semis est indispensable. Dans un sol trop sec, les mottes se brisent difficilement, la graine se retrouvera dans un contexte défavorable à la germination. Dans un sol trop humide, les mottes sont modelables et collent aux éléments semeurs. Un semis réalisé dans un sol ressuyé et réchauffé est une première garantie de réussite.

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