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Ensilage de sorgho monocoupe : un fourrage bien valorisable dans la ration des bovins

La culture de sorgho, plante particulièrement adaptée aux conditions séchantes, contribue à la constitution de stocks fourragers ensilés de bonne qualité. Les différents types de sorghos offrent de nombreuses possibilités de valorisation par les bovins.

Utiliser le sorgho ensilé en alimentation bovine

Alors que les sorghos grains ensilés permettent d’obtenir un fourrage aux caractéristiques de composition proches de celle d’un ensilage de maïs, les sorghos sucriers à gène bmr (brown mid rib) seront valorisés plutôt comme un ensilage d’herbe préfanée. Ces sorghos, pauvres en grain, ont la particularité d’être plus digestibles en raison de leur moindre lignification.

Variétés de sorgho fourrager monocoupe, des valeurs nutritives réévaluées en 2013

Depuis janvier 2013, la « valeur d’utilisation » est calculée pour chacune des variétés de sorgho fourrager monocoupe inscrites au catalogue. Ce critère est basé sur la valeur énergétique, calculée par une nouvelle équation de prédiction de la teneur en UFL, mise au point par ARVALIS – Institut du végétal en lien avec le GEVES et établie à partir de mesures de dégradabilité ruminale. Les valeurs énergétiques moyennes pour chaque type de sorgho (figure 1) ont été obtenues avec cette nouvelle équation qui tient compte de la digestibilité de la matière sèche, ainsi que des teneurs en amidon et en matières minérales. Ces valeurs ont été confirmées par des évaluations en stations expérimentales (1) à partir des performances zootechniques des troupeaux.

Figure 1 : Valeur énergétique des sorghos

valeurs énergétiques des sorghos

Sorgho grain ensilé : des caractéristiques proches de celles du maïs
Source : INRA 2007 et BDD ARVALIS - Institut du végétal

Maintenir les performances laitières avec la culture du sorgho ensilé

Utilisé comme fourrage unique, le sorgho grain doit être récolté au stade laiteux pâteux et avoir une teneur en grain élevée (amidon > 25 %). Il permet d’obtenir des productions laitières au moins équivalentes à celles d’un maïs fourrage même si une baisse d’efficacité laitière (kg lait produit par kg de matière sèche ingérée) est à prévoir. En revanche, des baisses de production laitière de l’ordre de 10 à 15 % ont été observées lorsque le sorgho est récolté au stade pâteux à vitreux du grain ou en cas de faible teneur en amidon. Les sorghos sucriers bmr, introduits dans la ration à hauteur de 50 % de la part fourrage, maintiennent les performances de production laitière dès lors qu’ils sont suffisamment digestibles, avec une augmentation du taux butyreux du lait de l’ordre de 5 à 10 %. Ces résultat, obtenus en stations expérimentales, ont aussi montré que l’efficacité laitière était comparable, voire légèrement supérieure, à un témoin maïs fourrage. Au-delà de 50 % de sorgho dans la ration, la baisse importante de lait brut n’est plus compensée par le taux butyreux élevé de ces rations.

Engraissement de jeunes bovins : bâtir des rations riches en énergie

Le sorgho grain, riche en amidon, doit être haché très fin à la récolte pour être facilement ingestible. L’ensilage de sorgho grain nécessite d’être associé à un autre fourrage, tel que l’ensilage de maïs ou un enrubannage d’herbe. Les essais menés à La Jaillière (44), avec une ration composée à 30 % d’ensilage de sorgho grain, 30 % d’ensilage de maïs et 40 % de concentré, montrent que la ration est bien consommée, permettant ainsi des croissances en vif de plus de 1 600 g/j. Le sorgho sucrier bmr, très digestible, est une bonne source d’énergie sans amidon. Il s’apparente à un ensilage d’herbe jeune préfanée. Distribué comme fourrage seul avec une complémentation à base de céréales et tourteau, le sorgho bmr doit être récolté à une teneur en matière sèche suffisamment élevée pour ne pas pénaliser les consommations de fourrage (viser au minimum 28 % de MS à la récolte). Associer 50 % de sorgho bmr et 50 % de maïs fourrage dans la ration permet de bâtir une ration sécurisée, très digestible, qui allie deux fourrages très complémentaires sur le plan nutritionnel. Les performances de croissance sont au moins aussi élevées qu’avec une ration 100 % maïs fourrage. L’indice de consommation, de l’ordre de 6 kg de MS ingérée par kg de poids vif produit, est très satisfaisant.

Un bon potentiel économique

Il devient économiquement intéressant d’introduire de l’ensilage de sorgho grain dès lors que le coût de production de la tonne de matière produite est inférieur à celui du maïs. Le remplacement de 50 % de la part d’ensilage de maïs dans la ration des vaches laitières et des jeunes bovins par de l’ensilage de sorgho bmr, très bien valorisé, permet de conserver le même niveau de marge nette/JB par rapport à un régime à base d’ensilage de maïs seul dès lors que le potentiel de production du sorgho est supérieur à 80 % de celui du maïs fourrage. À rendement équivalent, l’augmentation de marge nette est estimée à 5 € par 1 000 l de lait ou 11 €/JB avec l’introduction de sorgho bmr dans les rations.

(1) : Station expérimentale de La Jaillière (ARVALIS - Institut du végétal) et ferme des Trinottières (Institut de l’Élevage, Chambre d’Agriculture 49).

Cet article est issu de l’édition de septembre 2014 d’ARVALIS-CETIOM Infos.

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