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Enrubannage de luzerne : densité élevée et teneur en matière sèche proche de 60 % font bon ménage

L’enrubannage permet la réalisation de petits chantiers et constitue ainsi un mode de récolte privilégié par les éleveurs cultivant de la luzerne sur une surface généralement inférieure à 10 ha. En nécessitant une teneur en MS inférieure au foin, il permet de faucher de manière précoce tout en sécurisant la récolte sur le plan climatique. A l’instar du foin, sa souplesse d’utilisation est également appréciée. Cependant, ces différents atouts ont un prix et quelques précautions doivent être prises pour bien conserver le fourrage.

Enrubannage de luzerne : les points à surveiller à la récolte

Viser 60 % de MS de manière homogène dans la balle

Presser la luzerne à une teneur en matière sèche adaptée permet de préserver l’appétence et la valeur protéique du fourrage. Très souvent, un fanage doux (vitesse de rotation de prise de force à 350-450 tr/mn) suffit à répartir le fourrage au sol et accélérer le séchage tout en ménageant les feuilles. Cette opération permet également d’homogénéiser la teneur en MS du fourrage.

Pour éviter le développement des butyriques ainsi que l’action des enzymes (protéases) de la plante, une teneur en MS minimale de 40 % en tout point de la balle doit être obtenue. Dans le cas contraire, l’appétence du fourrage est dégradée et sa teneur en azote soluble augmentée. À l’inverse, au-delà de 70 % MS, le développement de moisissures devient inévitable et peut engendrer des pertes de fourrages « inconsommables ».

En 2015, un essai conduit par ARVALIS – Institut du végétal a montré que, par rapport à une luzerne pressée à 67 % MS, le pressage à 43 % MS induisait une perte respective de 15 et 30 % des valeurs PDIN et PDIE du fait de l’augmentation de la teneur en azote soluble du fourrage.

Dans ce même essai, l’élévation de la teneur en MS a permis d’augmenter la densité des balles de près de 10 %.

Figure 1 : Coût de récolte* de la luzerne en fonction du mode récolte/conservation et du rendement (€/t MS)

Source : PEREL

Augmenter la densité avec une presse à chambre variable et un dispositif rotocut

À teneur en MS donnée, l’élévation de la densité est synonyme d’une meilleure évacuation de l’air et assure un démarrage rapide des fermentations, permettant de stabiliser le fourrage et de préserver sa qualité.

La confection d’andains homogènes et de largeur proche de celle du canal de la presse permet d’optimiser la répartition du fourrage dans la chambre de la presse. Les presses à balles rondes de type chambre variable permettent aujourd’hui d’atteindre des densités élevées (> 180 kg MS/m3).

Par ailleurs, l’utilisation du dispositif de hachage Rotocut permet d’accroître la densité des balles (+3 à +10 %) et contribue également à améliorer les fermentations en mettant à disposition des bactéries, les sucres solubles contenus dans les cellules de la plante.



Photo 1 : le rotocut permet d’accroître la densité des balles et améliore les fermentations.

Préserver l’intégrité du film plastique

En enrubannage, le film plastique est la seule barrière à l’environnement extérieur. Le maintien de son intégrité garantit des conditions anaérobies durant le stockage. Sur ce point, le liage filet permet de plaquer les tiges de luzerne « récalcitrantes » sur l’arrondi de la balle ce qui limite les risques de perforations. Lors de l’enrubannage, l’application de 6 à 8 couches de plastique réduit encore ce risque. Il faut cependant bien garder à l’esprit que le principal danger vient des chaumes rigides. L’étape de dépose de la balle est alors cruciale. En chantier combiné ou décomposé, la balle enrubannée doit être déposée à l’arrêt sous peine de cisailler le film plastique. Lorsque cela est possible, l’enrubannage sur le site de stockage réduit très fortement ce risque de perforations.

Pour aller plus loin

En 2016, dans le cadre du projet SOS-Protein, ARVALIS - Institut du végétal va conduire un essai sur une deuxième coupe de luzerne afin de valider les références internationales de l’effet de la teneur en MS au pressage, de la densité des balles et du système de hachage (rotocut) sur la quantité et la qualité du fourrage récolté.

Ces travaux qui s’inscrivent dans le cadre du plan SOS PROTEIN ont été soutenus financièrement par l’Europe, les Régions Bretagne et Pays de la Loire.

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