Articles et actus techniques
ALSACE / RHONE-ALPES

Chrysomèles du maïs : des vols précoces et abondants

Les vols de chrysomèles du maïs sont actuellement observés en Alsace et en Rhône-Alpes (notamment dans les Marais de Bourgoin, la Bièvre, la Vallée Grésivaudan et la Plaine de l’Ain). Quels sont les risques ?

Le risque chrysomèles du maïs en 2022 en Alsace et Rhône-Alpes

Il y a près de quinze ans, la chrysomèle du maïs s’est installée sur l’Est de la France. Et depuis quatre ans maintenant, des dégâts localisés (verse) sont observés dans certaines parcelles, en lien avec les attaques des larves sur les racines des maïs.

Avec des conditions favorables à leur survie et des températures élevées du printemps, les chrysomèles émergent en nombre et un peu plus tôt que d’habitude.

Les adultes sont attirés par les maïs en fleur. C’est pourquoi les premières parcelles à fleurir concentrent des densités de populations importantes.

Les adultes attaquent les feuilles mais aussi les soies, ce qui a pu alerter certains d’entre vous.

Chrysomèles

1 - Décoloration des limbes liée à la chrysomèle / 2 - Chrysomèles adultes sur panicules
3- Chrysomèles sur soies / 4 - Soies coupées par les chrysomèles du maïs

Quelques situations exceptionnelles peuvent paraître à risque

Les attaques de chrysomèles du maïs sur les soies peuvent parfois occasionner des défauts de fécondation dans des situations exceptionnelles, notamment sur floraison décalée (précoce ou tardive) :
- Elles concentrent une population abondante ;
- Le risque est plus important :

  • S’il y a de la protogynie (floraison femelle avant la floraison mâle) et/ou absence de pollen ;
  • Si les conditions sont particulièrement stressantes (chaudes et sèches).

Malgré les abondances significatives d’adultes de chrysomèle du maïs actuellement observées, les conditions ne sont pas de nature à provoquer des dégâts notables dans la mesure où :
- La généralisation des floraisons sur le territoire devrait diluer les attaques et la fécondation pourra se dérouler dans des conditions normales ;
- Les dernières pluies limitent les stress et les soies devraient sortir rapidement (idem pour les panicules) ;
- Même si quelques défauts de fécondation pourront être observés très localement, la consommation des soies n’aura pas d’incidence sur le rendement du maïs.

Une intervention chimique généralisée en végétation ne serait pas pertinente

Si cela permet effectivement de réduire l’abondance de populations pendant quelques jours, très rapidement, d’autres chrysomèles adultes coloniseront la parcelle :
- Via de nouvelles émergences issues de la même parcelle ;
- Et/ou, l’arrivée d’insectes issus des parcelles voisines (l’insecte se déplace rapidement d’une parcelle à l’autre et sur plusieurs dizaines de kilomètres potentiellement).

Plus de dégâts à craindre en cas de conditions séchantes cet été

Pour rappel, il y a plus à craindre des attaques de larves. C’est moins visible (il faut regarder les racines), mais tout aussi impressionnant. Elles consomment les racines du maïs et peuvent être responsables de dégats importants : défauts d’alimentation en éléments nutritifs (déficit hydrique, carences alimentaires…), verse végétative, épis lacuneux…

Comment réagir pour 2023 ?

Dans les secteurs avec des niveaux de pression élevés, les adultes vont pondre dans les parcelles de maïs. Il est donc possible de constater les dégats causés par les larves (en année N+1) en prélevant le système racinaire d’un pied de maïs.

5 – Verse en col de cygne due à la chrysomèle du maïs / 6 – Larves de chrysomèles
7 – Dégâts racinaires liés à la présence de larves de chrysomèles

La rotation culturale reste le pivot de la lutte contre cet insecte

Le levier le plus efficace consiste à rompre la succession de maïs dans la parcelle durant une année. En effet, l’insecte a besoin de consommer des racines de maïs durant son stade larvaire pour accomplir son développement. En absence de maïs au cours du printemps qui suit les pontes (déposées l’été précédent), la quasi-totalité de la population de la chrysomèle présente dans la parcelle sera anéantie. Une seule année suffit pour détruire près de 100 % de la population et assainir la parcelle. Lorsque du maïs sera à nouveau cultivé, des adultes de chrysomèle provenant des parcelles environnantes viendront à nouveau déposer des œufs dans la parcelle. La population augmentera d’autant plus vite que :
- La densité de parcelles où la succession maïs / maïs est importante dans la petite région agricole ;
- Les parcelles sont de petite taille, facilitant la propagation des adultes de l’une à l’autre ;
- Le type de sol et les conditions d’humidité du sol au cours du printemps favorisent la survie des jeunes larves. A noter que les sols sableux sont défavorables à la chrysomèle du maïs, tout comme les sols hydromorphes et très humides au moment de l’éclosion des œufs en mai.

Parallèlement à la lutte contre la chrysomèle du maïs, il convient d’adapter l’itinéraire technique du maïs pour que les dégâts occasionnés par les larves aient une nuisibilité limitée. Pour cela, toutes les mesures favorisant la rhizogenèse du maïs seront bénéfiques : préparation du sol soignée, semis précoce et apport d’engrais starter favoriseront le développement des racines, ce qui limitera l’incidence des dommages des larves.

Focus sur le réseau de piégeage régional
ARVALIS et l’ensemble des partenaires Chambre d’Agriculture d’Alsace, coopératives et négoces se mobilisent cet été pour mettre à disposition des pièges gratuitement aux agriculteurs. Contacter votre technicien habituel pour équiper les parcelles et entrer dans le réseau.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.