
Céréales : ajuster la dose d’azote à la date de semis
30 janvier 2020Avec les pluies abondantes, nombre de parcelles ont été semées en dehors des périodes habituelles d’emblavement. D’ores et déjà, les potentiels atteignables dans ces situations vont être réduits par rapport à l’habitude. La dose totale prévisionnelle doit donc être ajustée en réévaluant notamment l’objectif de rendement selon la date de semis.
Le tableau 1 propose des ajustements des objectifs de rendement en fonction des types de situations et des dates de semis. Ces valeurs, ajustées à dire d’expert, doivent permettre d’établir des plans de fumure cohérents avec la situation de l’année.
Compte tenu du manque de visibilité sur les potentiels atteignables en semis plus tardifs et dans les parcelles perturbées par les excès d’eau, il sera préférable de maintenir la programmation d’un apport complémentaire en fin de montaison. Il permettra de réajuster les doses finales à la hausse ou à la baisse en fonction de l’offre climatique.
Tableau 1 : Ordre de grandeur des baisses d’objectifs (q/ha) à envisager selon la date de semis de la céréale (blé tendre, blé dur, orge d’hiver) par rapport à un objectif de semis à date normale
Tableau 2 : Exemples de fractionnements possibles des apports d'azote selon la date de semis de la céréale
Rappel réglementaire : le nouvel arrêté Programme d'Actions Régional (Directives Nitrates) de Nouvelle Aquitaine est paru le 12 juillet 2018
Il définit notamment les règles de fractionnement de la fertilisation azotée sur la région. Pour les 4 départements de l’ex-Poitou-Charentes, les règles évoluent peu :
- aucun apport minéral (type III) n’est autorisé avant le 1er février ;
- pour un apport pendant la phase tallage : 50 kg d'azote efficace par ha maximum avant le stade « épi 1 cm » ;
- obligation de réaliser au moins 2 apports si la dose totale apportée à la culture sous forme d’engrais minéraux est comprise entre 110 et 160 kg d'azote efficace par hectare ;
- obligation de réaliser au moins 3 apports si la dose totale apportée à la culture sous forme d’engrais minéraux est supérieure à 160 kg d'azote efficace par hectare.
Pour la conduite de la fertilisation soufrée
Le soufre se comporte d’une façon similaire à l’azote dans le sol : sa disponibilité dépend notamment des apports sur la culture précédente, de la minéralisation en cours d’automne, d’hiver et au printemps, et de l’intensité du lessivage.
Cette année, le risque de carence est plus élevé que d’habitude. Des apports devront être prévus notamment dans les situations de sols assez profonds où les impasses sont habituellement recommandées : les doses à apporter devront être revues légèrement à la hausse, notamment dans les sols les plus superficiels les plus exposés aux risques de carences.
Le stade d’apport le plus approprié est la fin tallage, il est donc préférable d’attendre la fin du mois de février pour les semis d’octobre, voire un peu plus tard pour les semis trop tardifs. Des apports trop précoces exposeraient les apports effectués à des lessivages les rendant ainsi inopérants.
Pour prendre en compte la pluviométrie effective, un point complet sera fait lors de la prochaine messagerie.
Pour la conduite de la fertilisation phosphatée
Attention, les moindres potentiels des semis tardifs ne diminuent pas les besoins en phosphore des cultures. Dans les situations le justifiant (sols peu pourvus, impasse depuis plusieurs années, cultures exigeantes…), un apport est recommandé. S’il n’a pas été réalisé au semis, il faut le prévoir en couverture courant tallage.
Attention le blé dur, les orges et les blés tendres en deuxième paille sont plus exigeants vis-à-vis du phosphore qu’un blé tendre assolé. Ils peuvent nécessiter un apport là où une impasse est envisageable en blé tendre assolé.
Céline DRILLAUD (ARVALIS - Institut du végétal)
Romain TSCHEILLER (ARVALIS - Institut du végétal)
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