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Etat des cultures - Quel impact de la sécheresse sur les céréales d'hiver ?

Les céréales d'hiver sont de plus en plus affectées par le déficit de pluie qui dure depuis cet hiver dans la plupart des régions.

La sécheresse s'installe et impacte fortement les céréales d'hiver

L’eau contribue à trois grands mécanismes de la plante : l’absorption racinaire, la photosynthèse et le refroidissement des tissus. Ils sont évidemment liés : le flux d’eau au sein du continuum sol-plante-atmosphère permet le transport des minéraux jusqu’aux racines et dans la plante. Ce flux est contrôlé par l’ouverture stomatique qui permet, d'une part, l’entrée de CO2 nécessaire à la photosynthèse et, d'autre part, l’évaporation d’eau à la surface des feuilles pour abaisser leur température.

Un stress hydrique réduit par conséquent la photosynthèse et la croissance globale du couvert. En fonction de sa période d’expression, les impacts peuvent être différents.

Au cours du tallage (situation très rare en France pour les espèces d’hiver, mais éventuellement possible sur des semis de printemps), l’émission des talles peut être affectée, voire arrêtée, alors que la croissance préférentielle du système racinaire en profondeur est privilégiée.

Lors d’un stress hydrique en montaison, la montée à épi est évidemment affectée, mais elle est souvent associée à une carence azotée induite (engrais non disponible pour la plante par manque de pluie). Dans ce cas, la surface foliaire peut aussi être affectée (réduction de taille des dernières feuilles, régression de talles, sénescence précoce des feuilles les plus âgées). La densité d’épis finale est évidemment affectée en premier lieu ; la fertilité épi peut également être pénalisée si le stress se maintient.

En fin de montaison et courant de remplissage, les organes en croissance sont affectés, en particulier les épis et les grains en formation. Les composantes affectées sont évidemment la fertilité des épis et le Poids de Mille Grains.

Des cultures stressées pratiquement partout en France

La situation la plus alarmante est l’extrême Sud-Est, qui présente un déficit de précipitations et de fortes évapotranspirations depuis plusieurs mois déjà. Cependant, les situations de stress hydrique progressent de jour en jour, affectant les sols superficiels partout en France, et pénalisant désormais des situations moyennes et profondes qui ne bénéficient pas de l’irrigation d’appoint.

Figure 1 : Localisation et intensité du stress hydrique en sols profonds (en haut à gauche), moyennement profonds (en haut à droite) et superficiels (en bas) - estimation au 23 mai 2022

Des niveaux de stress hydrique déjà rencontrés dans le passé

La situation de stress hydrique actuelle en France renvoie à quelques épisodes déjà rencontrés au cours des années précédentes, plus ou moins lointaines.

Les printemps 2020 et 2021 avaient été marqués par un stress hydrique précoce et intense en début de montaison, avant le retour de pluies fin avril ou courant mai.

Le printemps 2011 avait été chaud et sec, avec une végétation précoce et un stress hydrique très marqué jusqu’au retour des pluies fin mai. Cependant, les températures maximales en mai 2011 avaient été moins élevées que cette année.

Des convergences avec 2009, 2003 et 1990 sont généralement partielles uniquement : l’étendue géographique, la situation sanitaire et les conditions de retour des pluies limitent la comparaison entre années.

Figure 2 : Comparaison de cinétiques du stress hydrique de plusieurs campagnes sur la station de Boigneville (91) - Ru de 100 mm

Les particularités de la campagne en cours

Aujourd’hui, il est difficile de se projeter sur le comportement final des cultures. Les prévisions météorologiques laissent espérer quelques pluies et surtout une baisse des températures. Les éléments inquiétants de la campagne en cours sont effectivement les fortes températures relevées ces derniers jours, et les perspectives d’un mois de juin plus chaud que la moyenne.

À l’opposé, on peut supposer que les enracinements des cultures sont bons, aidés par de bonnes implantations l’automne dernier, et peu d’excès d’eau hivernaux. Les statuts azotés ont également été sécurisés par de bonnes valorisations des apports « Epi 1 cm » dans la majorité des cas. Seuls les apports « fin montaison » ont pu être mis en défaut en l’absence de pluie ou d’irrigation. Au global, les cultures ont donc eu des croissances assez bonnes jusque fin avril/début mai, date à laquelle le stress hydrique s’est exprimé de manière accrue.

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