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Accident phytosanitaire - Bien diagnostiquer une phytotoxicité

Les causes d'un accident phytosanitaire peuvent être multiples : dérive d'un produit sur une parcelle voisine, buse mal réglée, mauvais rinçage du pulvérisateur, stress climatique. La forme des zones atteintes donne une indication sur la cause du problème.

Phytotoxicité : déterminer l'origine de l'accident

Les accidents liés à la pulvérisation de produits phytosanitaires ne sont pas faciles à diagnostiquer car ils peuvent avoir de multiples causes. L’observation de la forme des symptômes et des zones atteintes dans la parcelle donnent une indication. Dans les situations où seul le bord de champ est atteint et que la limite zone saine/zone atteinte forme une « vague », l’accident est sûrement lié à la dérive d’embruns d’un produit phytosanitaire appliqué sur la parcelle voisine. C’est un argument supplémentaire pour proscrire tout traitement par temps venteux. Non seulement le traitement perd de son efficacité à cause de la dérive, mais en plus il peut affecter les autres cultures des parcelles voisines.

Attention à la gestion de fond de cuve

Les accidents phytosanitaires peuvent être liés également à un mauvais rinçage du pulvérisateur entre deux traitements sur des cultures différentes. Un fond de cuve d’un produit non sélectif de la culture traitée involontairement peut suffire à causer d’importants dégâts. La forme triangulaire des zones atteintes en début de passage est une caractéristique de ce type d’accident. Si ces symptômes sont observés, il convient de répertorier les derniers traitements réalisés avec le pulvérisateur, en particulier ceux réalisés sur d’autres cultures, de manière à identifier le produit en cause. A noter que le produit responsable de l’accident n’est pas forcément celui utilisé lors du dernier traitement. Un produit peut se fixer à la paroi du pulvérisateur et être libéré après plusieurs utilisations en fonction des formulations des produits utilisés. Par exemple, les sulfonylurées possèdent cette propriété de se fixer à la paroi.

Contrôler régulièrement le réglage de son pulvérisateur

Si les zones atteintes marquent le début de rampes ou forment des bandes sur toute la longueur du champ,  l’accident est dû à un surdosage sur ces zones. Si seuls les débuts de rampes sont atteints, le surdosage est lié à un démarrage trop lent du pulvérisateur en début d’allée. En revanche, si ces symptômes sont observés sur toute la longueur du champ, le problème peut provenir d’une buse mal réglée. Un contrôle régulier du réglage du pulvérisateur s’impose pour éviter ce type d’accident. Si les bandes marquées par une phytotoxicité se situent en bout de rampe de pulvérisation, l’accident est dû probablement à un recoupage de rampe.

Vérifier le stade de la culture au moment du traitement

Mais dans certaines situations, l’ensemble de la parcelle est affectée, sauf les zones non traitées : bord de champ, poteau, angles… Pour déterminer la cause de l’accident, il convient de procéder par ordre. Premier réflexe : vérifier le stade de la culture au moment du traitement. Essayez de repérer une parcelle où le même traitement a été utilisé. Si cette parcelle est saine, le traitement « suspect » a certainement été appliqué à un stade sensible sur celle atteinte. Dans le cas d'un mélange de plusieurs produits, vérifiez la compatibilité des produits mélangés et l’ordre des mélanges, sans oublier les adjuvants qui peuvent parfois amplifier les phytosanitaires.

Ne pas traiter sur une culture « stressée »

Si aucune anomalie n’a été détectée au niveau de la manipulation des produits phytosanitaires, il convient de retracer l’historique des conditions climatiques des jours suivants l’application. En effet, le climat constitue le principal facteur d’expression des phytotoxicités. Exemple, la sélectivité des sulfonylurées dépend de la capacité du blé à détoxifier. Or, en cas de conditions climatiques stressantes, la culture peut perdre sa capacité à détoxifier, et des problèmes de phytotoxicité apparaissent. Il convient donc de traiter par conditions poussantes sur une culture non stressée.

La phytotoxicité peut être due à la rémanence d’un herbicide

Enfin, si une phytotoxicité peut être due à une rémanence d’herbicide, elle se manifeste généralement lors d’années sèches à cause d’une mauvaise dégradation du produit. Le non-labour peut favoriser les rémanences d’herbicides.

Diagnostic : attention à ne pas tirer de conclusion hâtive
Le diagnostic d’un accident de culture est un exercice difficile car une multitude de facteurs est susceptible d’affecter le développement d’une plante : attaques de ravageurs, maladies, carences, accident climatique… Il convient d’adopter une démarche rigoureuse qui implique d’abord d’envisager toutes les hypothèses possibles sans tirer de conclusion hâtive.

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