
Azote sur céréales : un raisonnement à adapter à la parcelle
16 janvier 2020Un apport d’azote peut être nécessaire entre début tallage et épi 1 cm. A estimer en tenant compte de la pluviométrie et la situation de la parcelle.
Le premier apport d’azote peut être effectué quand la culture atteint le stade « début tallage ». Dans notre région, les parcelles semées avant le 30 octobre l'ont atteint mi-décembre, celles semées courant novembre sont en train de l’atteindre. Les semis de décembre devraient l’atteindre fin janvier en blé tendre et début février en blé dur.
Le plein tallage se situe après cette date et jusqu’au stade épi 1 cm, ce qui laisse une période large pour réaliser les apports « tallage », s’ils sont nécessaires.
Pas plus de 60 kg N/ha
Ce premier apport a pour but de permettre aux plantes d’atteindre le stade épi 1 cm sans subir de carence azotée. Les besoins de la plante entre le semis et le stade « épi 1 cm » sont faibles, estimés à environ 60 kg N/ha.
Le premier apport ne doit donc pas dépasser cette valeur dans la mesure où :
- L’excédent ne sera pas valorisé par la plante, il ne permet donc pas de maximiser le rendement ou la teneur en protéines.
- Un excès d’azote peut entraîner des problèmes de verse physiologique de même que favoriser l’apparition de certaines maladies comme l’oïdium.
Le calcul des reliquats azotés par la méthode des bilans est donc indispensable pour décider d’un éventuel apport d’azote au stade « tallage ». Cet apport pourra être retardé voire annulé en cas de fourniture d’azote du sol suffisante.
Cas des zones vulnérables : l’apport d’azote y est interdit avant le 15 janvier.
Déterminer l'intérêt d'un premier apport
Pour déterminer si un premier apport au tallage est nécessaire, il convient d’estimer si l’azote disponible quand la culture atteindra le stade « épi 1 cm » est suffisant pour répondre à ses besoins (estimés à environ 60 kg N/ha). La quantité d’azote déjà absorbée par la culture (Pi), cumulée à la quantité d’azote encore présente dans le sol (Ri) doit donc être supérieure ou égale aux besoins de la culture.
L’estimation du reliquat (Pi + Ri) prend en compte la minéralisation de l’azote organique par les sols, la lixiviation qui a pu avoir lieu en relation avec le type de sol, le prélèvement de la culture entre le semis et le stade épi 1 cm, ainsi que la pluviométrie depuis le 1er octobre de la campagne actuelle.
Le pilotage du premier apport d’azote se fait donc de la manière suivante :
• 60 U – (Pi + Ri) < 0 → Pas d’apport
• 60 U – (Pi + Ri) > 0 → Apport de la différence
Cette année, deux situations sont à prendre en compte :
- Les parcelles où la pluviométrie est relativement proche de la normale (autour de 400 mm cumulés prévus entre le 1er octobre et le 1er mars). Dans ces situations, les apports seront proches de 20 kg N/ha.
- Les parcelles où la pluviométrie a été largement supérieure à la normale (supérieure à 400 mm cumulés prévus entre le 1er octobre et le 1er mars). Dans ces situations, les besoins d’azote au tallage seront importants (autour de 40 kg N/ha) car une grande partie de l’azote disponible a été entraîné en profondeur et ne sera plus disponible pour la culture.
A noter, cette année, malgré une forte minéralisation automnale, les reliquats d’azote dans les sols sont faibles dans une majorité de situations à cause des fortes lixiviations automnales.
Cœfficient A 2020 : 160 U/haLa valeur A correspond au coefficient de minéralisation de l’année précédente. La valeur A définitive est de 160 u/ha pour le calcul du bilan azoté en 2020. L’azote est très majoritairement dans l’horizon 30 – 60 cm.
Une telle valeur pourrait être le résultat d’un pic minéralisation suite au déclenchement de pluies au mois de novembre, après une longue période de sécheresse régionale.
Cette valeur A élevée est donc le reflet d’une minéralisation estivale plus importante que la normale. Elle permettra de compenser la forte lixiviation due aux précipitations hivernales.
Le point sur la pluviométrie
La pluviométrie entre le 1er octobre et le 1er mars permet d’estimer les quantités d’azote lixiviées avant le stade épi 1 cm et ainsi d’estimer si l’année est à risque sur des carences précoces.
Tableau 1 : Cumuls de pluies du 1er octobre 2019 au 5 janvier 2020 pour plusieurs stations météo
Carte 1 : Cumuls de pluies (mm) du 1er octobre 2019 au 8 janvier 2020 sur le Sud-Ouest
Carte 2 : Ecart à la pluie médiane (%) du 1er octobre 2019 au 8 janvier 2020 sur le Sud-Ouest
Eva DESCHAMPS (ARVALIS - Institut du végétal)
Matthieu KILLMAYER (ARVALIS - Institut du végétal)
Jean-Luc VERDIER (ARVALIS - Institut du végétal)
Aude CARRERA (ARVALIS - Institut du végétal)
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