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Avant le champ - Réussir son plant de tabac

Parce que la graine de tabac est minuscule et d’origine tropicale, il n’est pas possible de la semer directement en plein champ. Il faut au préalable produire des plants de tabac sur des plateaux en polystyrène flottants sur une solution nutritive : c’est le semis flottant. L’objectif du semis en serre est d’obtenir un plant indemne de parasites, robuste, de hauteur nécessaire et suffisante (soit 8 à 12 cm du collet à l'œil). Toutes ces qualités doivent être réunies au moment où les terres peuvent accueillir le plant de tabac. Selon les années, il faut être en mesure d’accélérer la croissance du plant, ou de la ralentir si la plantation n’est pas possible.

Semis et plantation de tabac : un matériel et des étapes spécifiques

La technique du semis flottant, en serre, facilite le travail et permet une meilleure qualité et homogénéité du plant. Son principe consiste à mettre en flottaison des plateaux, en polystyrène, alvéolés avec des mini-mottes sur de l'eau contenant une solution nutritive.

Les équipements nécessaires

Graine

Les graines enrobées sont distribuées en boîtes de conserves. Un numéro de lot assure la traçabilité de chaque lot. Les boîtes entamées ne peuvent être réutilisées l’année suivante. Les boîtes encore scellées sont à conserver au réfrigérateur.

Serre

Le volume d'eau étant important, les taux d'hygrométrie peuvent être très élevés. Le volume de la serre doit donc être suffisant pour une bonne maîtrise de l'humidité ambiante, et ainsi éviter le développement de maladies. La largeur conseillée est de minimum 6 mètres avec une aération importante (latérale et demi-lunes).

Bacs

Un peu moins de 50 m² de surface de semis sont nécessaires pour produire du plant pour environ 1 ha de plantation. Afin de limiter les risques (bâche percée, problème sanitaire…), il est fortement conseillé de limiter la taille des bacs (autour de 10 m², soit une quarantaine de plateaux). Les dimensions de chaque bac doivent être un multiple des longueur et largeur des plateaux (en réservant une petite marge de quelques centimètres) ; une trop grande surface non couverte par les plateaux entraîne un développement de mousses et d’algues dans l'eau, préjudiciable à la conduite du semis. La hauteur du bac doit être de 15 à 20 centimètres pour contenir un minimum de 10 cm de hauteur d'eau. Attention, des bacs trop hauts peuvent entraîner une hétérogénéité des plants : les plants près des bords, et donc plus protégés, seront plus développés.

Notez que la surface d'eau libre est totalement couverte par les plateaux, afin que les algues ne se développent pas dans la solution nutritive (Photo ANITTA/ARVALIS).

Plastique

Chaque bac est étanchéifié par une bâche plastique : pour 50 m² de semis, 80 à 100 m² de polyéthylène noir en 180-200 microns d'épaisseur sont nécessaires. Cette bâche ne peut être réutilisée pour les mêmes fins (risque de fuite).

Plateaux

Les plateaux utilisés sont en polystyrène. Les dimensions utilisées sont 60 x 40 centimètres avec 240 alvéoles par plateaux (l'optimum technico-économique se situant autour de 1000 plants /m²). Pour 50 m² de semis, soit environ 1 hectare de tabac, 210 plateaux suffisent. Ces plateaux ne doivent être utilisés qu'une seule fois (risque phytosanitaire et flottabilité réduite).

Substrat

Les alvéoles des plateaux sont remplies avec un substrat constitué d'un mélange de tourbe blonde et brune (fibres courtes) avec un pH voisin de 6. Pour limiter et maîtriser les problèmes sanitaires, utiliser le substrat référencé par la coopérative. Pour 50 m² de semis, 9 sacs de 80 litres doivent être utilisés. Le remplissage des plateaux peut se faire manuellement ou mécaniquement à l'aide d'une remplisseuse automatique.

Semoir

Les graines se sèment à l'aide d'un semoir mécanique ou pneumatique pour graine enrobée.

Plaque de polystyrène alvéolée, remplie de substrat tourbeux où a été déposée la graine enrobée (Photo ANITTA/ARVALIS).

Engrais

L'engrais, mis en solution dans l'eau des bacs, doit être un engrais complet horticole soluble. La forme azotée doit être à plus de 75 % nitrique (la température étant faible en début de saison, la forme ammoniacale peut avoir des difficultés pour évoluer en nitrate : les risques d'intoxication ammoniacale des plants peuvent être importants). L'équilibre de composition N-P-K optimum est du type 1 - 0.5 - 3 (attention aux excès de phosphore qui peuvent provoquer un allongement non souhaité des tiges).

Eau

Sa qualité est importante et doit être surveillée lors du remplissage. Dans tous les cas elle doit être à faible teneur en nitrates (des teneurs excessives peuvent compromettre la mise en place d'un semis flottant). Une analyse de la teneur en nitrates de l'eau à l'aide de tests bandelettes est recommandée. Dans certaines régions l'eau peut être chargée en bicarbonates ; en cas de teneurs trop importantes une neutralisation à l'acide sulfurique peut s'imposer.

Equipement de faucillage

Le faucillage (action de couper le bout des feuilles) n'est pas une technique obligatoire mais recommandée pour endurcir le plant et faciliter sa manipulation ainsi que ses chances de reprise. Le matériel utilisé doit permettre l'exportation des débris végétaux : les bouts de feuilles en pourrissant sur les plateaux peuvent favoriser le développement de certaines maladies de type Botrytis.

Régularisation et conservation du plant grâce au faucillage (Photo ANIITTA/ARVALIS).

Pulvérisateur

Afin de limiter les accidents de traitement, le matériel de pulvérisation doit être propre à la serre et n'être utilisé que pour des produits fongicides et insecticides.

La conduite du semis

Avant le semis (8 à 15 jours)

Nettoyer la serre et ses abords en éliminant tous les déchets de tabac, tous les plastiques, toutes les mauvaises herbes.
Afin de limiter les risques de transmission du TMV (virus de la mosaïque du tabac, Tobacco mosaic virus) d'une année sur l'autre, effectuer, en fonction du risque, une désinfection de la serre, des bacs, des matériels et matériaux à l'intérieur. Prendre conseil auprès de votre technicien.

Avec le plastique, couvrir les allées, puis étanchéifier les bacs. Juste avant de semer, remplir les bacs en eau suffisamment chaude (T>15°C si possible), en s'arrêtant à 4-5 centimètres du rebord. Au cours du remplissage, mettre l'engrais. Les doses sont calculées en fonction des besoins des plants pour 1000 plants. Tenir compte du taux de germination dans le calcul (on compte en général 80 % de plants utilisables).

Dose d'azote (en g de N) pour 1000 plants :
Virginie : 6,5 à 7
Burley : 8,5 à 9

Au semis

Ne pas utiliser d'anciens plateaux (risque sanitaire et moindre flottabilité des vieux plateaux), ni de sacs de terreau de l'année précédente. Lors du semis, vérifier le bon fonctionnement de la machine en veillant tout particulièrement au parfait remplissage des alvéoles, le terreau devant être en contact avec l'eau. A la fin de chaque lot de graine, repérer précisément les plateaux du lot et vidanger la machine afin d'éviter tout mélange de lot. A la fin du semis, respecter les règles de conservation des reliquats de graines (toute boîte entamée et/ou non identifiée doit être jetée).

Lorsque l'eau est suffisamment réchauffée, mettre les plateaux en flottaison en identifiant les plateaux du lot dans chaque bac, avec étiquettes et jalons. Disposer à 20-30 centimètres au-dessus du semis un toit avec un voile non tissé du type P17 ; ce dispositif permet de limiter les effets dévastateurs du gouttage (gouttelettes de condensation tombant des parois de la serre et enterrant profondément les graines).

Durant la levée (jusqu'au stade de la croix)

Aérer au maximum la serre durant la journée en évitant les courants d'air des ouvertures latérales  en installant une jupe basse périphérique sur 60-80 centimètres de haut.

Développement des jeunes plants (ici stade croix) sur plaques en semis flottant (photo ANITTA/ARVALIS).

A ce stade, seule la protection contre les limaces est à mettre en œuvre, en fonction du risque. La vigilance est à maintenir jusqu'à la plantation. Aucune autre protection phytosanitaire n'est à envisager jusqu'au stade 4 feuilles vraies, si les conditions de prophylaxie du semis ont été respectées.

Elevage des plants

A partir du stade 4 feuilles vraies, les risques concernent principalement les agressions fongiques, telles que :
- le Sclerotinia sclerotiorum,
- le Botrytis cinerea,
- le mildiou (Peronospora tabacina).

Si d'autres maladies ou des pucerons sont observés (ou si le risque augmente), augmenter l'aération de la serre et procéder au traitement approprié en se référant au DEPLIANT tabac. Des pièges autocollants peuvent être installés dans la serre pour capturer les insectes volants, ce qui permet d’évaluer la pression parasitaire, voire de la réduire.

Continuer des aérations maximales le jour (optimum : température 30°C, humidité relative inférieure à 60 %).

Faucillage

Au stade 8 feuilles a lieu le premier faucillage. Veillez à la protection contre Sclerotinia, Botrytis et le mildiou. Surveillez les foyers de pucerons (Photo ANITTA/ARVALIS).

La technique du faucillage n'est pas obligatoire mais recommandée. Elle permet une amélioration de l'homogénéité des plants et une augmentation du pourcentage de plants utilisables. Pour être efficace, le faucillage doit être débuté tôt (plants d'environ 6 cm de hauteur) et effectué 2 à 3 fois avant plantation. Les débris doivent être retirés pour éviter qu'ils ne pourrissent et favorisent les maladies.

Ajout d'eau et d'éléments nutritifs dans les bassins. L’ajout régulier d’eau propre contribue à l’oxygénation des racines, réduisant ainsi les risques sanitaires tels que l’olpidium (Photo POITOU TABAC).

A la plantation

Utiliser des gants pour toute manipulation des plateaux et des plants. Eliminer les racines sous les plateaux : ces racines aquatiques ne servent pas à l'alimentation des plants au champ et peuvent gêner la plantation (les plants glissent moins bien dans les barillets).
Contrôler l'état des plants et éliminer les plants malades ou chétifs.

Plant de tabac produit par la méthode du semis flottant, avec les racines aquatiques qui se sont développées hors de la motte de substrat (Photo ANITTA/ARVALIS).

Le bon état sanitaire du plant, au stade plantation, conditionne toute la culture (Photo ANITTA/ARVALIS).

Après plantation

Laisser s'évaporer l'eau des bacs, portes fermées durant 4 semaines. Préparer et conditionner les déchets (plastiques, plateaux …) selon les instructions des organismes chargés de leur collecte.
Afin de conserver la traçabilité, informer la coopérative de toutes ventes ou cessions de plants à un tiers.

Cas particulier de la production de plants de tabac AB

Un guide de production du plant de tabac Virginie récapitule les éléments essentiels pour réussir son plant bio.
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